Extrait du journal

M. Emile Zola a tiré d’un de ses derniers romans, Germinal, une pièce de théâtre qui a été présentée et reçue au Châtelet. On devait y voir notamment un tableau représentant des soldats et des gendarmes tirant sur des grévistes. Les amateurs de ce genre de littérature se pré parc ie ut déjà à savourer ce morceau de haut goût, lorsque tout à coup ils apprirent que la censure op posait son veto à la représentation. La censure ! oui, la censure, dont les ré publicains avaient de tout temps et sous tous les régimes demandé la suppression, et qu’ils avaient criblée de leurs sarcasmes, la censure existe encore sous la République. Nous sommes, quant à nous, bien loin de nous en plaindre ; peut-être l’institution ne fut-elle jamais plus nécessaire qu’en ce temps où tout ce qui est honnè'e,respectable et sacré, est constamment bafoué et conspué. Il faut féliciter les hommes qui ont eu le courage de signifier à M. Zola leur décision et le ministre qui n’a pas craint de les cou vrir de son approbation, mais dans tout le parti républicain ce n’est qu’un cri. Sus à la censure 1 L'Intransigeant, qui mène la campagne, somme M. Zola et le directeur du Châtelet de passer outre et de jouer la pièce. La Justice, plus modérée, se contente de promettre que la Chambre sera, dès ses premières délibérations, mise en demeure de se prononcer....