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Journal de la ville de Saint-Quentin et de l’arrondissement, 31 août 1860

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Journal de la ville de Saint-Quentin et de l’arrondissement
31 août 1860


Extrait du journal

timidité était-elle autre chose que la réserve et la sus ceptibilité instinctives d’une âme fière, que l’on convie au partage d’une égalité impossible et mensongère, et que celte offre attriste comme une plaisanterie eu froisse à l’égal d’une dérision ? La réponse, si admirable de sens et de tact, de Tien nette, la captivait singulière ment. Elle fit un rapide retour sur sa condition, sur sa famille, sur sa pauvreté, enfin sur tout ce qui les sé parait. et C'est vrai, pensa-t-elle, pauvre fille 1 elle a raison; mais alors moi aussi, je do s renoncer à ce ton de familiarité qui loi est interdit; moi non plus je n’ai pas le droit de la tutoyer ! » « Vous êtes pleine d’esprit, et de cœur et de bon sens, Tiennette; allons, je vous écoute, conlez-moi la suite de votre histoire, » dit-elle après un silence de quelques minutes en reprenant le tu qu’elle avait d’a bord laissé tomber de ses lèvres. Tiennette reprit: « Mon grand-père finit enfin par se ranger à l’avis du reste de la famille , et ptr reconnaître l’excellence du parti qu’on rêvait pour moi. Des relations rares et lointaines, mais d’une nature amicale, commencèrent à s’établir entre mes parents et les maîtres des IIoussaies. Mais il se passa longtemps encore avant que la question du mariage lut formellement posée. A cette époque, je suivais avec une assiduité et un goût réel les classes de Mme Deboissery, savante institutrice de Castelnau. Depuis trois ans mon grand-père m’y en voyait malgré les protestations de ma mère, qui méju geait suffisamment instruite pour une paysanne par les leçons élémentaires que j’avais prises, tout enfant, de nôtre respectable curé. Mais quand l’ambition de mes parents rêva pour moi l'avenir d’une madone et d une bourgeoise, ils applaudirent à la clairvoyance de mon grand - père ; je fus dispensée d’aller aux champs, môme l’été, et l’on demeura d'accord de m'envoyer en core un an à l’école, pour compléter mon éducation. * Celte décision me combla de joie. J aimais mes chers petits livres comme mes meilleurs amis et les plue précieux compagnons de mon enfance, comme des con seillers de sagesse et de vertu ; j'aimais la science, et je l’adorais, en la comparant au soleil, quand on le re garde se lever à l'extrémité de l’horizon et inonder en peu d’instantsde sa flamme et de sa lumière les campa gnes pleines d’ombre. Helas 1 à peine si j’en possédais...

À propos

Fondé en 1819, Le Journal de la ville de Saint Quentin publie les annonces judiciaires de son département sans le concours du gouvernement. L’initiative porte ses fruits puisque la publication du journal demeure assurée jusqu’en 1914.

 
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