Extrait du journal

Au poète Francis Bœuf. Notre temps, dont la puissance de perfectionnement et d’usure obéit à ces mêmes lois qui règlent la progression de sa puissance créatrice, et le goût plus vite résolu d’hommes qui ramassent leurs instants pour en savoir toutes les joies abolissent avec une heureuse rapidité ces véhicules dont les formes successives, pour nos yeux éblouis, fixèrent les moments de l’automobile adolescente. Les fiacres dételés et les coupés sans brancards en allés à la poursuite de chevaux que nos regards cherchaient en vain ne provoquent plus que le sourire du passant, averti de leur infériorité par des comparaisons quotidiennes. Le nombre se réduit de ces funèbres landaus où le conducteur — pataudement vêtu et mal campé sur un siège illogique — apparaît tel qu’un poids à l’extrémité d’un levier et semble toujours sur le point de rompre, en se penchant un peu, l’équilibre du morne cube roulant qu’il dirige. . Des contrées peu civilisées et des provins- . ces reculées accueillent peut-être encore les véhicules anharmoniques, étonnants j >t malodorants que nos enthousiasmes frais éclos paraient de toutes les beautés. Je vieux notaires hardis, quelques négociants retirés en de petites villes natales, certains docteurs curieux de mécanique «Achèvent, d’utiliser les engins primitifs qui justifièrent tour à tour nos espoirs. Les portes des musées s entrouvrent déjà pour eux. Ils ont passé et disparaissent ainsi que les ébauchés successives d’une œuvre aux beautés diverses dont nous allons pleinement jouir....