Extrait du journal

SEMAINE POLITIQUE — Le budget qui a été voté au Sénat n’est, au fond, qu’un budget d’expédients qui n’est même pas en équilibre, puisque pour eu faire la balance il faut faire ren trer en ligne de compte des emprunts pour une somme considérable dont les sé nateurs eux-mêmes n’oot qu’une vague idée, mais qui ne doit pas être inférieure à 150 millions. C’est grâce à ce système de l'emprunt que le Sénat s’est donné le luxe de repous ser une partie des impôts que la Chambre avait votés. Mais quand il s’agira, dans un an ou deux, — la date importe peu — quand il s’agira, dis-je, de rembourser ces emprunts, il faudra bien, pour y par venir, meitre des impôts nouveaux. C’est l’évidence, et cela prouve que ce n’est point à un accès de vertu qu’a obéi le Sénat en les repoussant cette année, mais une fois de plus, à un accès d’hypocrisie. — Des impôts nouveaux que la Chambre avait établis, pour essayer, en même temps qu'elle recourait à un emprunt, de combler le déficit, le Sénat en avait re poussé pour un chiffre de 3*2 millions en viron. La Commission du budget en rétablit pour 22 millions. Elle reprend la taxe sur les pianos, la taxe sur les spécialités phar maceutiques, dout le taux sera seulement abaissée de 10 •/. à 5 •/*, et la taxe sur les chasses gardées. Quant à la taxe sur les Compignics d’assurances, que le Sénat avait votée proportionnelle, la Commission du budget la veut « dégressive », avec un taux de 20 francs par million pour un ca pital assuré de plus de 3 milliards, puis, au-dessous de ce chiffre, de 15 ou de 10 francs. La taxe sur les litres nobiliaires est dé finitivement abandonnée. La Commission rejette l’article 3 du texte du Sénat sur les droits de vérification des poids et mesures. Elle accepte le vote du Sénat en ce qui concerne les titres, actions ou obligations de Sociétés françaises ou étrangères ; elle maintient la taxe sur les litres étrangers à 2 pour 100, au lieu de 1.50 voté par le Sénat ; enfin elle rétablit la taxe des imprimés et échantillons, dis jointe par le Sénat, et l’article relatif au maximum des émoluments des percepteurs, rejeté par le Sénat. Le différend entre les deux Chambres s’est enfin terminé par des concessions ré ciproques ; le Sénat a fait quelques pas en arrière, la Chambre quelques pas en avant, et les contribuables seront étrillés par bon nombre de nouvelles taxes ; ils en verront bien d'autres. L’accord Vêtant fait, le budget a été en fin voté par deux Chambres. Dans l’intervalle, on a adopté à la Cham bre le projet sur la suppression de la dé claration et U liberté de réunion. Quelques esprits, trop portés peut être à prendre leurs désirs pour la réalité, ont cru entre voir dans les déclarations du ministre...