Extrait du journal

BULLETIN POLITIQUE ! Montélimar, le 6 juin 1885. C'est la politique qui s’est taillé la plus grande place dans le tournoi d’éloquence officielle organisé en l’honneur des funé railles de Victor Ilugo. Les républicains ont essayé d’accaparer celte gloire à leur profit,... comme si la poésie pouvait loger ses ailes dans l’étroit fourreau d’un groupe parlementaire. Président du Sénat, président de la Chambre, président du conseil municipal de Paris, ces Prudhommcs de l’opportu nisme, du radicalisme et de l’autonomisme ont tour à tour essayé de mettre sur le cercueil de Victor Hugo une draperie de leur couleur. Ces messieurs ont profité de la circons tance et fait chacun pour son parti une ré clame aussi mal dissimulée que celle de l’industriel qui a lancé dans le cortège tout le personnel de son immense bazar, dont l’enseigne brodée sur les casquettes reluisait au soleil. Ils ont, chacun à sa manière, trouvé moyen de transformer l’illustre mort en une machine électorale. Sous leurs paroles boursouflées et dé pourvues d’émotion, on a senti cette phrase prête à leur échapper : « Electeurs, l’om bre de Victor Hugo vous recommande de voter pour nous! » 11 n’y a, parmi les hommes du gouver nement, qu’un orateur dont le discours net, franc et sans hypocrisie, mérite toutes félicitations. Cet homme qui a si bien parlé, c’est M. Clément, commissaire de police, qui, s’a dressant aux porteurs de drapeaux rouges, leur a dit : « Messieurs, il faut que vous rendiez vos drapeaux : vous auriez tort de résister, vous ne seriez pas les plus forts. » Voilà le meilleur discours. Et la foule qui applaudissait à l’enlève-...