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Journal de Montélimar, 30 mai 1885

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Journal de Montélimar
30 mai 1885


Extrait du journal

« significations que celui de Liberté. Les « uns l’ont pris pour la facilité de déposer « celui à qui ils avaient donné un pouvoir ® tyrannique ; les autres, pour la faculté « d’élire celui à qui ils devaient obéir ; « d’autres, pour le droit d’etre armés et « de pouvoir exercer la violence ; ceux-ci, « pour le privilège de n’étre gouvernés que * par un homme de leur nation, ou par « leurs propres lois. Ceux qui avaient « goûté du gouvernement républicain, l'ont « mise dans ce gouvernement ; ceux qui « avaient goûté du gouvernement monar« chique, l’ont placée dans la monaro chie... » (Esprit des Lois.) Il est évident que la Liberté ne réside pas exclusivement dans telle ou telle na tion privilégiée, et n’est point du tout la conséquence nécessaire de tel ou tel sys tème de gouvernement. Ce qu’il y a de certain, d’incontestable, c’est que tout homme naît libre et apporte en entrant dans la vie un amour invincible de la Liberté. Elle est la première de ses aspirations, le mobile de ses désirs, la ré compense de ses sueurs. Cela est si vrai que, dans les foules, le seul nom de Li berté électrise tous les cœurs ; de l’enfant au vieillard, de l’ouvrier au bourgeois, du soldat au capitaine, la commotion est si vive, si rapide, qu’il a suffi bien des fois d’une seule étincelle pour embraser d’une même flamme, pour soulever d’un même élan, un peuple tout entier. C’est la vue de ce phénomène frappant, c’est l’observation de cet amour effréné de liberté qui couve dans toutes les âmes qui arrachait à Bos suet ces prophétiques paroles : « Quand une fois on a trouvé le moyen « de prendre la multitude par l’appât de « la Liberté, elle suit en aveugle pourvu « qu’elle en entende seulement le nom. » En aveugle, entendez-vous, et c’est là justement le danger qui nous menace tou jours, car, sous cette fleur de Liberté que Von nous montre épanouie, se cachent aussi de cruelles épines ; dans ce port ou l’on veut que nous jetions l’ancre se trou vent des écueils hérissés de brisants ; sous cette nappe d’eau calme et limpide, sur laquelle nous nous aventurerions folle ment, s’ouvre un abîme effrayant de pro fondeur. « Pourquoi la Liberté est-elle si rare? » s’écrie Voltaire. « Parce qu’elle est le pre mier des biens, » répond-il aussitôt. Oui, la Liberté est le premier des biens ; elle est le bien suprême, je l’ai dit ; mais ce bien est soumis à de certaines condi tions, confiné dans de certaines limites. Dieu a créé l’homme libre pour qu’il puisse, en exerçant sa Liberté, accomplir les devoirs qui lui sont imposés, et dont le nombre et l’importance augmentent à me sure que sa position devient plus élevée ; de sorte que sa Liberté s’élargit à mesure que sa condition s’élève, parce que pour chaque nouveau devoir qui surgit, il lui faut un nouveau degré de Liberté. Ces vérités sont peu comprises aujour d’hui. Au lieu de celte Liberté positive, claire, dont le but est certain, dont les voies sont manifestes, on a imaginé une Liberté abstraite dans sa notion, obscure dans ses principes, vague dans ses formes,...

À propos

Fondé en 1858, Le Journal de Montélimar était un hebdomadaire publié dans la Drôme. Antisémite et collaborationniste, il fut supprimé à la Libération en 1944.

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