Extrait du journal

Montélimar, le 23 mai 1885. La société doit-elle se protéger oui ou non? Il y a toute une classe de politiques pour qui les anarchistes, les voleurs et les assas sins sont infiniment plus intéressants que le reste de l’humanité. Pour les anarchistes, qui essaient de renverser tout gouvernement établi, qui prêchent le pillage des boutiques et la fu sillade des bourgeois, ces politiques esti ment que c’est trop de quelques mois de prison et ils réclament qu’on les rende à la liberté et au désordre. Pour les voleurs, ces mêmes politiques ont des trésors d’indulgence : on les loge mal, on les nourrit mal, on devrait insti tuer pour eux des maisons de plaisance, ainsi que pour les assassins. Aussi, en même temps que l’amnistie pour les anarchistes, réclament-ils la sup pression de la peine de mort pour les assassins. Heureusement, il se produit parfois, à travers les ténèbres de l’heure présente, un rapide rayon de lumière qui éclaire l’esprit de nos gouvernants sur les dangers de certaines utopies dont la réalisation menacerait leur existence tout aussi bien que celle de la société. Et voilà pour quoi le projet d’amnistie plénière, si chau dement appuyé à la tribune par les citoyens Clovis Hugues et consorts, a piteusement échoué à l’une des dernière séances de la Chambre. La loi sur les récidivistes a été récem ment votée par la Chambre, telle que le Sénat l’avait amendée. Elle a été adoptée par une majorité de 386 voix contre 57. Cette loi n’est encore qu’un jalon posé ; elle indique le but à atteindre ; le pouvoir exécutif reste chargé d’en rendre l’accès facile au moyen de circulaires spéciales. Voilà une bonne besogne faite, mais ce...