Extrait du journal

Cette année 1885 fut marquée par un retour offensif des monarchistes français qui avaient laissé depuis quinze années s’émietter dans leurs mains la victoire qu’ils remportèrent en février 1871. Le Prince qui, au décès du roi légitime mort en exil, était devenu l’héritier in contesté des droits séculaires de sa Mai son au trône de France, avait ajourné jusSu’au renouvellement des pouvoirs de la hambre des députés les impatiences de ceux de ses partisans qui lui conseillaient une action immédiate. Il était décidé à prendre la tête du mou vement. Il comprenait que sa naissance lui avait imposé de lourds devoirs ; il sentait que les destinées compromises d’un grand peuple dépendaient de lui, et il appliqua la ténacité douce qui formait le fond de son caractère à l’accomplissement de ce devoir, au relèvement de ces destinées. Le moment semblait d’ailleurs tout pro pice à un pareil effort. La République avait amené la France à deux doigts de sa perte. Elle avait introduit dans les finances un désordre épouvantable. Elle n’avait fait qu’accroître continuellement les dettes énormes qu’elle avait trouvées à sa nais sance. Le trésor était vide, l’avenir était obéré par les plus folles entreprises. Non seulement l’amortissement n’était qu’illu soire, mais l'emprunt était continuel. Les impôts que U France payait jadis facilement et dont le rendement augmen tait à chaque exercice, étaient devenus plus lourds à supporter et moins productifs. Les luttes religieuses engagées partout, aussi bien sur le terrain de l’école que sur celui du culte, avaient exaspéré les esprits et détruit pour longtemps les liens so ciaux. Le problème militaire posé depuis quinze ans n’était point encore résolu et la France...