Extrait du journal

Montélimar, le 10 août 1889. Les résultats complets de toutes les élections «aux conseils généraux (scrutin du 28 juillet et scrutin du 4 août) sont enfin connus. Le Soleil s’est livré à ce sujet à un travail de récapitulation très exact, basé non pas sur l’arithmétique si sujette à caution de Constans-leMoustajonncur, mais sur les dépêches qu’ont adressées à notre confrère ses correspondants de province et sur les chiffres mêmes donnés par Y Agence Haras. Il suit de ce travail que nos gains sont encore plus considérables que nous le supposions. Ils s’élèvent à plus de cent sièges. Ce ne sont pas évidemment des ré sultats à dédaigner. Lorsqu’une oppo sition violentée et persécutée arrive, au plus fort d’une lutte inégale et sans merci, non seulement à se maintenir mais à réaliser des conquêtes aussi importantes contre le gouvernement établi, l’issue du combat n’est pas dou teuse, et la victoire définitive ne sau rait tarder longtemps. Nous pouvons d’ores et déjà, et avec les seules preuves que cette dernière consultation du suffrage universel nous a mises en main, affirmer que le pays est revenu en majorité aux idées conservatrices. Les élections législatives de 1885 avaient établi que 500.000 voix à peine séparaient le parti de l’opposition du parti gouvernemental. 3 millions et demi de suffrages conservateurs s’étaient produits contre quatre mil lions de suffrages opportunistes ou radicaux. Eh bien ! il suffit de suivre attentive ment, canton par canton, les résultats du dernier scrutin pour acquérir la certitude que les conservateurs ont gagné dans ces élections où la moitié seulement delà France a été consultée, tout le terrain qui les éloignait du parti gouvernemental. Sans la pression éhontée à laquelle l’administration s’est livrée, toutes ces victoires péniblement obtenues par les républicains se seraient chan gées en déroute. Viennent les élections législatives, les voix conquises ou restées fidèles, malgré les menaces des fonctionnai res, s’augmenteront des suffrages de tous ceux, — et ils sont nombreux, — qui ont hésité à voter contre les can didats du gouvernement sachant que ce scrutin était impuissant à opérer un changement que chacun désire, mais dont l’heure ne sonnera qu’au mo ment des élections législatives....