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Journal de Montélimar, 19 octobre 1889

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Journal de Montélimar
19 octobre 1889


Extrait du journal

Monlélimar, 19 octobre 1889. En 1885, le pays avait clairement ma nifesté par ses votes le désir de voir le régime républicain appliquer une politique de conciliation et de paix. On sait comment les républicains ré pondirent. Cette année, malgré une pression officielle effroyable, le pays a renouvelé le vœu précédemment for mulé. En tiendra-t-on aussi peu de compte? S’il fallait s’en rapporter uniquement au langage que tiennent la plupart des journaux républicains, ou tout au moins les journaux radicaux, il n’y aurait à cet égard point d’illusions à se faire. « Nous sommes de braves gens, s’écrie l’un d’eux, mais nous ne som mes point des imbéciles. » Celui qui écrit ces lignes explique, d’ailleurs, que ce serait faire preuve d’imbécillité que de ne pas se défendre non point seulement par des votes — étant la majorité, cela serait aisé — mais par des mesures propres à dé fendre la majorité contre la mino rité. On entend bien ce que cela veut dire. Ne raconte-t-on pas que pour se mé nager des chances sérieuses d’être choisi comme président de la Cham bre, M. Henri Brisson a employé ses loisirs à préparer un projet de règle ment qui est, paraît-il, presque un chef d’œuvre dans son genre, en rai son de tout son attirail de pouvoirs coercitifs qui seraient conférés à l’homme dont, officiellement au moins, la seule mission est d’assurer la li berté de la discussion. « Museler la minorité » : on ne cache point que c’est là le but poursuivi. Voilà comment on entend l’apaise ment et la conciliation. Cette oppression systématique de la minorité ne saurait d’ailleurs suffire. On réclame aussi quelques mesures et notamment une large épuration ad ministrative et judiciaire, soit une large distribution de places aux amis. La Justice a doctement expliqué qu’il serait dérisoire de ne considérer comme ennemis que les fonctionnaires faisant ouvertement acte d’hostilité contre le régime. Les plus dangereux, ceux sur lesquels on doit, suivant elle, impitoyablement frapper, ce sont ceux qui ne font et ne disent rien, se contentant d’opposer aux républicains « la force d’inertie. » C’est tout à fait de la sorte qu’on résonnait sous la Terreur où il n’était pas permis d’être indifférent ou de le paraître. On voit que ce sont là encore des dispositions bien conciliantes. Placer tous les fonctionnaires sous le coup de dénonciations venues d’on ne sait où, écarter ceux qui ne se livrent pas à des démonstrations exagérées de ré publicanisme, c’est véritablement un admirable moyen d’amener l’apaise ment et une éclatante démonstration du désir des républicains, de répondre aux vœux si clairement exprimés par le pays....

À propos

Fondé en 1858, Le Journal de Montélimar était un hebdomadaire publié dans la Drôme. Antisémite et collaborationniste, il fut supprimé à la Libération en 1944.

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