Extrait du journal

Un curieux signe des temps boule versés que nous traversons, c’est l’au dace avec laquelle les opportunistes du Progrès reprochent aux monar chistes leur improbité et l’instabilité de leurs opinions. Ces « Fils des Gueux » qu’on appelle par ironie « les Ancêtres-Géants » ont seuls la probité en partage et la sta bilité dans leurs opinions. Ne riez pas, je vous prie, sinon, je vous condamne à lire le numéro du 13 septembre courant. La probitéI Ah 1 bien oui, parlez-en; elle est jolie 1 Après les vols, les pillages, les in cendies, les assassinats de 93, parler de probité, c’est de l’ironie teinte de sang! En parler encore après ce dont nous sommes témoins depuis 1880 ! C’est plus qu’audacieux ! La stabilité de leurs opinions !... Ils osent !... L’histoire nous rappelle les noms des « Ancêtres-Géants » qui, épaves infectes de la tourmente révo lutionnaire, sont devenus impérialis tes avec Napoléon et monarchistes avec le roi. C’est ce que vous appelez de la stabilité ? Leurs descendants, les illustres Fils de ces Gueux, sont-ils plus stables ? Nous les avons vus en vingt ans pas ser par toutes les nuances républi caines, après avoir été pour la plupart les humbles valets du troisième Em pire ; et ce sont ces citoyens-là qui ont le courage de « hausser les épaules quand les monarchistes parlent de leur probité politique et de la fixité de leurs opinions ! » Mais oui, citoyen L. R., plus que vous, nous avons le droit de vanter notre probité politique et la fixité de nos opinions. Et ce droit est basé sur quinze siècles de Monarchie; de cette Monarchie qui a fait la France grande et prospère, tandis que vingt ans de République l’ont déjà ravalée au qua trième rang des nations en attendant la ruine la plus complète. Quand on a un tel passé que le vôtre, on devrait avoir la pudeur du silence. Vous nous jetez à la face la « boue du boulangisme », mais vous êtes plus atteints que nous; Sidobell vous Va prouvé clairement dimanche dernier. Le boulangisme entre les mains des monarchistes c’était « les pincettes » à l’aide desquelles les honnêtes gens pouvaient saisir Marianne sans se sa lir et la précipiter à la mer. Vous savez bien que c’est dans nos habitudes. Thiers n’a-t-il pas payé au républicain Deutz le prix de sa trahison en lui présentant au bout « des pincettes » une liasse de billets de banque? Nous craignons le sale chez nous. « Les palinodies et les marchandages immoraux » sont le fait de votre parti; auriez-vous par hasard déjà perdu le souvenir du procès Wilson et de tant d’autres vilenies qui ne datent que d’hier? Mais dans les Coulisses du boulangisme, ne voyez-vous pas tous ces fiers républicains courir après l’or des monarchistes comme des cor beaux sur leur proie ? Ne sont-ce pas vos partisans qui vont frapper aux des portes monarchistes, quêtant leur concours financier pour renverser le personnel gouvernemental établi? Vous ne pouvez le nier? Il faut que vous soyez d’une niaiserie pyramidale pour nous reprocher d’avoir payé les « Fils des Gueux » qui offraient chèrement leurs services pour nous délivrer d’un régime qui nous est odieux? Si nous acceptions votre Ré publique, alors vous auriez le droit de nous accuser d’instabilité dans nos opinions ; mais non, c’est parce que notre idée fixe est le rétablissement de la Monarchie que nous avons accepté Boulanger comme un balai et que nous avons payé par des millions les mains républicaines qui devaient en faire usage. Voilà la vérité. C’est pourquoi Ton...