Extrait du journal
Séance de mardi. La séance s’ouvre au milieu du bruit. M. Rou vier monte à la tribune et commence la lecture de la déclaration du gouvernement. En voici le texte : Messieurs, Appelés parla confiance du président de la république à prendre la direction du gouvernement, nous considérons comme un devoir de donner une indication aussi déterminée que possible de ce que nous comptons faire. Nous avons la ferme résolution d’aborder les réformes nécessaires, la réforme budgé taire d’abord. Nous sommes résolus à faire rendre aux impôts existants tout ce qu’ils doivent donner. Nous nous appliquerons à réprimer la fraude. Les propositions de dépenses pour 1888 seront ramenées, nous l’espérons, à un chiffre inférieur à celles de 1887. En aucun cas, nous ne le dépasserons. La loi militaire est inscrite à l’ordre du jour de la Chambre. Le gouvernement est prêt à prendre part à la discussion qui va s’ouvrir prochainement. Notre politique extérieure restera ferme, prudente; nous poursuivrons les travaux de l’exposition universelle : voilà nos pro jets. Persuadés que, dans cette Chambre, il y a une majorité pour soutenir une politique vraiment républicaine, nous avons cherché, dans la formation d’un cabinet de concen tration républicaine les moyens et la force de dégager cette majorité. Nous appelons tous les républicains, tous les patriotes à cette œuvre; elle ne peut réussir que par le concours de tous, et nous avons confiance dans le jugement que porteront sur nous nos collègues et nos concitoyens. Le ministre est fréquemment interrompu par les bruits les plus divers. L’extrême gauche pro teste bruyamment quand M. Rouvier parle de concentration républicaine. Le président annonce une demande d’interpel lation signée de MM. Jullien et Barodet. M. Jullien, président de la gauche radicale, monte à la tribune au milieu du bruit. Il déclare n’obéir à aucun sentiment d’hostilité personnelle, la gauche radicale a pensé que le pays souffre de l’instabilité ministérielle; il voudrait dégager la pensée commune entre le nouveau cabinet et la majorité républicaine; il voudrait voir formuler des projets précis de réformes, et non des déclara tions vagues d’où il ne sort rien d’effectif, si ce n’est quelque progrès passager; il montre la Chambre perdant son temps et arrivant peu à peu au bout de son mandat sans avoir rien fait. L’orateur demande au gouvernement ce qu’il veut faire; des économies sans doute? Quelles économies ? Bref, le discours de M. Jullien se résume en cette interrogation; il est assez peu applaudi. • Le pays, dit-il, veut axant tout la réforme mi litaire. On ne s’attendait peut-être pas à cette pierre dans les plate-bandes ministérielles, car le nouveau cabinet ne peut espérer le concours de la fraction conservatrice de droite qu’en abandonnant ce projet de réforme. M. Jullien insiste, sans doute pour provoquer une manifestation à droite, et compromettre dès l’origine le nouveau ministère. Qu’entend, ditil, le gouvernement par une majorité, est-ce une majorité de gouvernement ou d’occasion. Il parle, à ce propos, de cataclysme. La Chambre paraît ne pas comprendre. M. Jullien se retire fort applaudi à l’extrêmegauche et par son groupe. Le nouveau PRÉSIDENT DU CONSEIL monte à la tribune et déclare que le gouvernement entend gouverner avec la majorité républicaine. Quant à la question scolaire, il appliquera les lois. Sur la question militaire, la Chambre entendra le mi nistre de la guerre. Sur le chapitre des économies, M. Rouvier cherche en somme à se dérober; il paraît embarrassé, et ses explications soulèvent des interruptions à gauche. Il annonce enfin une réduction au budget de 60 millions. Le nouveau ministre DE LA GUERRE monte à la tribune; parle bien, avec calme; il fait l’éloge des projets du général Campenon. La loi sur les sous-officiers est, dit-il, tout près d’aboutir. Mais le piège où on l’attend est l’égalité— le service des séminaristes. — « Or, dit le général, avec une rondeur toute militaire, séminaristes,instituteurs, je prends tout m. « Et, dit-il, je mettrai tous mes efforts à faire disparaître les causes de faiblesse, et elles sont nombreuses, qui existent dans notre armée ». Ce passage paraît viser le général Boulanger,...
À propos
Fondé en 1861 à Roanne sous le nom de Nouvel Écho de la Loire, l'hebdomadaire devient en 1864 le Journal de Roanne et revendique une ligne éditoriale « régional et patriote ». Toutefois, le journal collabore avec les Allemands sous l’Occupation et est en conséquence supprimé en 1944.
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