Extrait du journal

La nrvin de Ma leieine tremblait; son visage était aussi blanc que la neige qui tombait sans bruit, et sa voix était si faible, qu’elle croyait en entendre le murmure comme dans un rêve Elle sentait que, bientôt, elle n’aur.iit plus la force de parler et de dire, à tous ces chefs d’armée, son angoisse et sa fiévreuse impatience. Elle sentait aussi l’anéantissement l’envahir. Toujours le froid était cruel et la tempête hurlait. Cependant, vers l'aube, la tourmente finit par céder. La voyageuse approchait du camp prussien. Des uhlans passaient casque en tête et enveloppés de manteaux noirs. Pas de feux allumés, pas un mot, c’était une armée muette; seulement on en tendait, çà et là, quelque chose de strident com me un coup de siflet. C’était aussi à l’entourde ce retranchement un encombrement de pièces d’ar tillerie : des canons de toutes sortes et de toutes les dimensions : des pièces de sièges, des obusiers, des mitrailleuses semblaient garder te camp, ainsi que de farouches chiens de garde, ainsi que des monstres qu’on ne pouvait assouvir qu’en leur jetant, comme une proie, des pays entiers et la dîme des armées. Il fallut de nouveau parlementer de poste en poste... puis attendre... attendre encore... atten dre jusqu’au jour. Les maisons de Champigny que les flammes avaient épargnées, découpaient leurs toitures blanches sur le ciel pâle, tandis que des cavaliers brisaient la glace d’un abreuvoir, et que des fifres sonnaient l’app-1. Madeleine suivait pas à pas, un uhlan, spécialement attaché au service du général en chef. Elle contournait des caissons renversés, des sacs et des fusils à terre, des charrettes abandonnées avec leurs bâches...