Extrait du journal

20 FEUILLETON DU JQUMU 0É ROtStE. La comtesse Madeleine Par M. du Campfranc. Grave d’instinct, il montrait de la générosité, du dévouement, mais toujours d’une façon discrète, en grand silence. Comme elles passent vite les années ! Hier la petite robe brodée de l’enfant, aujourd’hui l’uni forme du collégien ! Les dépenses de toutes sortes augmentaient. Adieu les petits souliers à boudettes de ruban; il fallait à présent des chaussures d’homme. Adieu les vêtements que la mère taillait elle-même, en y mettant sa coquetterie; d^s draps d’un prix élevé les remplaçaient... Puis les professeurs ! Made leine ne voulait rien épargner pour que son fils eut une éducation digne de ses ancêtres. Il appre nait le dessin, la musique, l’escrime, les langues étrangères; aussi les riches bijoux de la cassette disparaissaient l’un après l’autre, et la lampe restait allumée tard dans la nuit. Le jour à la f einture, le soir à ses broderies, Madeleine ne s’ac cordait pas une heure de repos. Souvent le visa ge d’Henri s’assombrissait à la vue de sa mère toujours penchée sur son labeur; et, devant ce regard : — Qu’as-tu, .non enfant? disait-elle, serais -tu souffrant ? Et lui, l’entourant de ses bras : — Oh! non, mère, je ne suis pas souffrant; mais, je vous jure que, lorsque je serai un homme, vous ne travaillerez plus ainsi. Elle souriait: — Je te le promets, mon chéri... Oui, je me reposerai quand tu seras un homme. Et alors, comme il me sera doux de dépendre de mon fils. Il se mettait à genoux devant elle, la regardait dans les yeux; et de sa voix douce, que la gratitude...