PRÉCÉDENT

Journal de Roanne, 5 juin 1887

SUIVANT

URL invalide

Journal de Roanne
5 juin 1887


Extrait du journal

Les radicaux jouent de malheur. Voilà leurs espérances à vau-l’eau, voilà leur idole par terre. Mardi, les assauts furieux de Vexlrèmegauche et de la gauche radicale n’ont rien pu contre le nouveau ministère. Le général Perron a tranquillement pris la place de M. Boulanger à la tribune et à l’hôtel du ministère. L’ex-dictateur s’en est allé, et déjà ou ne parle plus guère de lui. Il n’a même pas eu la consolation de ces grandes manifestations populaires qui devaient, au dire de ses amis, se produire en sa faveur le jour où son sort serait définitivement fixé. Tout ce qu’on a pu lui donner, tout ce qu’on a pu faire pour lui, le seul résultat auquel ont pu aboutir toutes les excitations el provocations des journaux qui le patron naient, c'est cette espèce de réédition de la manifestation de Lohengrin, qui a eu lieu mardi soir autour de l’Opéra. Même per sonnel et mêmes gamineries. Un millier de braillards hurlant à tue-tête eu l’honneur du général Boulanger une chanson de caféconcert, et entrecoupant le c«i de « vive le général î » d’imitations variées de cris d’ani maux Une scène de la foire, rien de plus. La pièce a paru si misérable, du reste, à ceux même qui l’avaient fait jouer, qu’après en avoir annoncé une seconde représenta tion pour le lendemain, ils se sont décidés à la retirer de l’affiche. Les spectateurs sont venus, mais les acteurs ont manqué. Il ne reste plus aux journaux boulangisles, après ce lamentable fiasco, qu’à écouler le stock des adresses en faveur du maintien du général Boulanger qui restent en maga sin, et c’est ce qu’ils font depuis mélanco liquement. Mais par exemple, ils ne cachent pas leur dépit, ne dissimulent pas leur fureur. Le cabinet Bouvier — que les radicaux ont, dès le premier jour, affublé d’une épithète aussi spirituelle que patriotique « le ministère allemand !» — le cabinet Bouvier est l’objet d’attaques véritablement sauvages. Nous donnons plus loin un échantillon de ces polémiques rouges. C’est honteux. La sotte formule de la concentration républicaine n’est plus bonne qu’à faire hausser les épaules des hommes de bon sens. Le radicalisme s’est entièrement dévoilé, tel qu’il est, révolutionnaire et haineux, dévoré d’appétits el de rage. L’opportunisme a eu peur et, pour la première fois il a trouvé bon de s’appuyer sur la droite, dont le pa triotisme lui faisait une alliée précieuse. Mais cette alliance, sans laquelle les hommes au pouvoir seraient renversés de main, peut-elle durer ? C’est affaire au gouvernement et au groupe parlementaire qui le soutient. Les conservateurs ont montré qu’ils étaient capables de tou - les sacrifices, quand l’intérêt supérieur de l’ordre et du pays était en jeu. Mais ils ne continueront leur appui qu’à la condition de voir le ministère rom pre tout à fait avec les radicaux. Or, peut-on espérer que le fossé, qui a commencé à se creuser, s’élargisse encore? Tout est possible en politique, nous le sa vons; mais demander aux Audiffreds que Ferry gouverne encore de s’amender, espé rer d’eux qu’ils redeviendront raisonnables, tolérants, justes, libéraux — ça ne peut être qu’un rêve, rien de plus. Avant huit jours vous le verrez!...

À propos

Fondé en 1861 à Roanne sous le nom de Nouvel Écho de la Loire, l'hebdomadaire devient en 1864 le Journal de Roanne et revendique une ligne éditoriale « régional et patriote ». Toutefois, le journal collabore avec les Allemands sous l’Occupation et est en conséquence supprimé en 1944.

En savoir plus
Données de classification
  • herbert
  • rouvier
  • boulanger
  • de hérédia
  • victor hugo
  • clémenceau
  • sabatier
  • freppel
  • balzac
  • gambetta
  • paris
  • tonkin
  • roanne
  • sully
  • france
  • europe
  • chambre
  • nice
  • alp
  • afrique
  • sénat
  • la république
  • union
  • journal officiel
  • chaque république
  • république française