Extrait du journal

nent leur expression habituelle, paisible et tranquille. Jusqu’ici tous trois, ils vivaient du passé, traversant le présent, attendant l’avenir sans le prévoir... aujourd'hui un coin de voile s’est soulevé : de cet avenir ils croient entrevoir quelque chose ; toute autre préoccupation du temps a disparu. Demain I Que sera demain ? Turc, lui, n’a pas changé. Il aime tou jours violemment, jalousement. cette en tant à laquelle il s’est attaché en ce jour qu’elle l’a, dans sa souffrance, si douce ment caressé. Malgré qu’elle ne réponde plus aujourd’hui, comme autrefois, à ses folâtres avances,comme autrefois ilia suit et s’attache à ses pas. Quand elle descend de la petite charrette, il s’approche; et dès qu’il sent sur sa tête cette main légère et caressante, il ne cherche plus autre chose. Gravement, posément, il marche et s’ar rête, réglant ses mouvements sur ceux de sa jeune maîtresse ; elle est son horizon, son univers. Et Madeleine ? Elle non plus n’a pas changé. Depuis si longtemps elle a re noncé à tout bonheur propre; elle a si bien fait sa via de !a vie de ceux qu’elle aime; elle sait si bien que, sur la terre, les dou leurs et la joie, oui la joie aussi, sont le cortège obligé du passage de l’homme, qu’elle demeure calme et confiante. De ces trois êtres qui remplissent son â ne, les tristesses et les joies — elle le sait trop bien — ne seront pas tellement confondues, qu'elle n'ait peut-être hélas I à pleurer sur...