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Journal de Seine-et-Marne, 8 novembre 1874

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Journal de Seine-et-Marne
8 novembre 1874


Extrait du journal

Durant cet intervalle, le ministère se maintenait péniblement; son opinion n’était presque jamais consacrée par l’Assemblée. Les ministres avaient voté avec la minorité dans tous les scrutins aux quels avait donné lieu la loi sur l'électorat municipal ; ils avaient voté contre l’urgence de la proposition Casimir Périer. Le 8 juillet, à l’occasion d'une interpellation adressée au ministère par l’extrême droite, M. Paris, du centre droit, proposa un ordre du jour de confiance ; il fut rejeté par 368 voix contre 330. L’ordre du jour pur et simple fut ensuite adopté par 330 voix contre 315. Au sein même du ministère, l’entonte n’existait pas. M. le duc Decazes, ministre des affaires étrangères, combattait, avec l’appui de la majorité du centre droit, les tendances bonapartistes de MM. Magne, ministre des finances, et de Fourtou, ministre de l’intérieur. REPRISE DE LA DISCUSSION DU BUDGET DE 1874. Cependant on avait repris la discussion du budget de 1874. Le rendement des impôts indirects continuait à rester inférieur aux prévisions, de sorte qu'il fallait, maintenant, trouver 50,000,000 pour éviter le déficit. M. Joubert proposa de nouveau, pour obte nir ce résultat, un impôt sur le sel, que je votai. Il fut rejeté, le 14 juillet, par 362 voix contre 256. Quant à M. Magne, il n’avait trouvé rien de mieux à proposer, à l’Assemblée, qu'un demi-décime additionnel à diverses contribu tions indirectes. M. Magne proposait, de plus, d’établir, pour le budget de 1875, ces centimes additionnels aux contributions di rectes, que M. Léon Say avait proposées pour le budget de 1874, et auxquels M. Magne avait si imprudemment renoncé. On commença par la discussion du demi-décime additionnel aux contributions indirectes. Au moment où M. Magne proposait de les surcharger, le rendement de ces contributions baissait précisément, comme je viens de le dire, clans des proportions sensibles, parce qu’elles étaient extrêmement élevées, et qu’elles amenaient un ralen tissement des transactions et de laconsommation. Les aggraver en core, c’eût été porter un coup funeste aux affaires, sans profit pour le Trésor. C’est ce que démontra fort bien M. XVolowski, député du centre gauche, chargé de combattre, au nom de la Commission du budget, les propositions de M. Magne. M. Magne répondit en faisant du vote, qui allait avoir lieu, une question de confiance. 11 menaça de donner sa démission si sa proposition n’était pas votée. C'en était trop. Voter un impôt détestable et accorder notre confiance à M. Magne ! Toute la gauche vota contre, avec une bonne partie du centre droit et quelques membres de la droite. La proposition fut repoussée, le 15 juillet, par 404 voix contre 248. M. Magne donna sa démission. Peu de jours après, M. de Four tou donna aussi la sienne. M. Magne est certainement un financier habile. Il faut lui savoir gré d’avoir constamment déclaré qu’il ne consentirait pas à laisser le budget en déficit ; seulement, c’était par des actes, et non par des paroles, qu’il aurait fallu poursuivre l’équilibre du budget : or, M. Magne, âgé, fatigué, sans initiative, sans énergie, ne sut proposer que des mesures intempestives ou mal combinées. De plus, il était sans défense contre les sollicitations dont on l’obsé dait, et son passage au ministère n’aura guère été marqué que par une distribution de places et de faveurs de toute sorte, prodiguées, sans limite, à ses amis et à tous les serviteurs de l’Empire. Quant à M. de Fourtou, il possède, comme homme d’aflaires et comme orateur, un incontestable talent ; mais il est absolu, cas sant, peu adroit, et l’indécision de ses opinions politiques rendent cette attitude encore moins acceptable. Il s’était fait, personnelle ment, un grand nombre d’ennemis dans l’Assemblée; sa position, comme ministre, était devenue intenable. MM. Magne et de Fourtou furent remplacés aux ministères des finances et de l’intérieur par MM. Mathieu Bodet, et le général de Chabuud-Latour, deux hommes du centre droit, capables, ho norables et estimes. VOTE SUR LA PROPOSITION CASIMIR PÉRIER. Qu’allait faire le ministère ainsi reconstitué, en présence de la proposition Casimir Périer? Il pouvait s’y rallier, rester neutre, ou s’y opposer. Dans les deux premiers cas, elle passait. Dans le troisième, elle aurait passé encore, si M. de Fourtou était resté ministre et avait été chargé de la combattre ; mais les membres du centre droit, qui inclinaient vers le centre gauche, se considé raient comme satisfaits par le remplacement de M. de Fourtou. Ils étaient résolus à ne pas faire d’opposition au nouveau minis tère. Un put croire, un instant, que le Gouvernement se montrerait plutôt favorable que contraire à la proposition Casimir Périer. Le U juillet, le président de la République adressait, à l’Assemblée, un message où il disait : « Il faut que les questions réservées soient résolues. De nouveaux délais, en prolongeant l'incertitude, pèse raient sur les affaires, nuiraient à leur développement et à leur prospérité. « Au nom des plus grands intérêts, j’adjure l’Assemblée de com pléter son œuvre, de délibérer, sans retard, sur des questions qui ne doivent pas rester plus longtemps en suspens : le repos des esprits l’exige. » De ces affirmations à l’adoption de la proposition Casimir Périer, il n’v avait qu’un pas. La question de l’attitude définitive h prendre, par le Gouverne ment, fut longuement débattue, dit-on, au sein du Conseil des mi nistres. L'influence toujours prédominante de M. le duc de Bro glie finit par l’emporter. Il fut décidé que le Gouvernement se prononcerait contre la proposition Casimir Périer. Cette décision funeste contrista, à juste titre, le centre gauche, la gauche, l’extrême gauche, et aussi la grande majorité du pays, qui appelle de tous ses vœux, comme le disait si bien le message du 9 juillet, et qui avait espéré, de l’adoption de la proposition Casimir Périer, la solution des questions réservées. Notre esprit de conci...

À propos

Fondé en 1833 sous le nom Journal du commerce de l’arrondissement de Meaux, cet hebdomadaire républicain et conservateur devient le Journal de Meaux après seize numéros. Il prend finalement le nom de Journal de Seine-et-Marne en 1838 avant de disparaître cent ans plus tard, en 1939.

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