Extrait du journal

Je mets à profit ma solitude accidentelle pour explorer en détail le paysage. Tobie n’y perdra rien. Ce qui le touche plus particuliè rement, lui, ce sont les musées, les églises et en général tout ce que le manuel décrit sous le nom de curiosités. Ce soir par exemple, je suis monté jusqu'à la chartreuse de San Martino, et bien plus loin encore, en suivant une voie pittoresque tracée nouvellement à travers des jardins, des ravins et des précipices. J’ai pu saisir ainsi le vrai caractère des faubourgs, tout comme si j’avais gravi les pentes, scruté les gorges, pénétré dans les enclos. Quel sin gulier mélange de constructions bizarres, de végétations puissantes, de recoins infects et d'horizons splendides ! Alger n’a rien de plus arabe que ces habitations cubiques, blanchies à la chaux, décorées à l’extérieur de guirlandes de tomates et de provisions de pastèques. L’Afrique ne pourrait guère montrer de plus...