Extrait du journal

dont elle dirige à volonté les ressorts. Nous sommes frappés de tant d'héroïsme, et nous serions enchantés de l'imiter si on nous plaçait dans des conditions pareilles. Mais que nous reproche-t-on? Avons nous repoussé le projet de taxe sur la propriété bâtie? Non; nous l'avons ac cepté, au contraire, nous bornant à dé clarer que notre consentement ne serait valable qu'à la condition d'être l'objet d'un accord formel avec le gouvernement égyptien. Si c'est là a© montrer l'ennemi de l'Angleterre, que dire aux autres puis sances qui n'ont rien accepté, même en principe, et qui, jusqu'ici, n'ont pas ré pondu aux demandes de l'Egypte ? Les fonctionnaires égyptiens et anglais ont d'ailleurs de singuliers moyens de forcer la main àladiplomatie européenne. Ainsi, des vols nombreux se commettant depuis quelques semaines dans le quartier Ismaïlieh au Caire, qui est la ville mo derne, on s'est plaint tout récemment au préfet de police. Sa réponse a été bien simple : « Je m'en lave les mains, a-t-il dit; ce quartier est entièrement habité par des Européens ; les Européens ne payent pas d'impôt; je n'ai donc pas à m'occuper d'eux. » Et, en exécution de ces belles paroles, il a supprimé dans le quartier Ismaïlieh tout service de jour et de nuit. Demain, on supprimera le gaz ; puis, la voirie. C'est ainsi, paraît-il, qu'on entend maintenant la civilisation au Caire et qu'on y introduit les grandes réformes qui, d'après lord Dufferin, devaient faire vibrer d'enthousiasme les lèvres depuis si longtemps fermées de là statue de Memnon !...