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Journal des débats politiques et littéraires, 1 mai 1851

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Journal des débats politiques et littéraires
1 mai 1851


Extrait du journal

que l'autre recevait des faveurs inouïes, sans que le parti dominant eût aucun motif d'aimer ou de haïr l'une plus que l'autre. L'adjudication de l'em branchement de Viroflay, qui profilait à la rive droite, fut annulée, et du même coup, par une de ces faiblesses qu'on no voit qu'en temps de révo lution, les amis de la rive gauche obtinrent du gouvernement provisoire qu'il décrétât l'exécution aux frais de l'Etat d'une gare du chemin de fer de l'Ouest à la barrière du Mont-Parnasse, et qu'il y fût procédé immédiatement. Tout portait à penser qu'aujourd'hui on retournerait sans peine aux idées de concorde et de rapprochement sous les auspices desquelles les deux Compagnies avaient, il y a quatre ou cinq ans, associé leur avenir. Mais, sans que nous sachions comment, il se trouve que sur ce point les passions et les influences de 184-8 ont survécu à l'autorité du gouvernement provisoire. Dans le projet de loi tel que la majorité de la com mission le présente à l'Assemblée, c'est encore, tout comme il y a trois ans, un parti pris de favo riser l'une des Compagnies et de sacrifier l'autre. La rive gauche est comblée de biens, et la rive droite est proscrite. La rive gauche obtient la cir culation de l'Ouest et on lui paie ses dettes. On lui fait des générosités aux dépens de tout le monde : de la Compagnie de l'Ouest, qui répond et fournit pour elle; de l'Etat, créancier pour 5 millions de puis 1839, qui renonce ;i une partie de ce qui lui est dû, au moment même où son débiteur acquiert le moyen de s'acquitter; du public, à qui il con viendrait fort d'avoir deux entrées dans Paris et à qui on n'en accorde qu'une seule. Quant à la rive droite, on l'abandonne à ses malheureuses destinées. Le raccordement, autrefois convenu et adjugé des deux chemins à Viroflay n'a pu obtenir dans le sein de la commission la stricte majorité, même avec cette clause que la Compagnie do la rive droite supporterait la moitié de la dépense. Sous cette forme, la décision de la commission relativement à l'entrée du chemin de l'Ouest dans Paris est inadmissible. Nous ne voulons du mal à aucune des deux Compagnies; mais enfin, s'il avait fallu en exclure une, il nous semble que ce n'é tait pas envers celle qui n'a jamais rien obtenu de l'Etat, qui a su, dans les temps les plus difficiles, se suffire à elle-même, qu'on aurait dû être inexorable. Mais, encore une fois, la participation des deux chemins au service de l'Ouest est indiquée par la convenance publique. I! est avantageux que la rive gauche soit utilisée pour le,chemin de fer de l'Ouest ; mais ce n'est pas calomnier la rive gauche que de soutenir que la rue Saint-Lazare est mieux à la portée du public que le boulevard du Mont-Par nasse. Qu'on s'arrange doue, non par ménagement pour la iive droite, mais par égard pour le public, afin que celui-ci ait la jouissance de la gare de la lue Saint-Lazare aussi bien que de celle du bou levard du Mont-Parnasse. Par la rive droite , les marchai!lises de l'Ouest auront une communication toute faite avec le chemin de Rouen, et avec d'autres bientôt. Ce n'est pas, ce nous semble, un motif d'exclusion, au contraire. L'égalité des deux chemins, rive droite et rive gauche, est de droit rigoureux. L'Assemblée ne peut s'as socier qu'à une solution digne de son impartialité, et en assurant, sans plus d'ajournement, l'exécu tion du chemin de fer de l'Ouest, qui répond à tant de besoins, elle voudra que l'équilibre soit ré tabli entre les deux Compagnies, non seulement parce que c'est juste , mais aussi parce que, ici comme partout au surplus, l'injustice nuirait à l'intérêt général. Qu'il soit posé en principe, avant tout, que le chemin de l'Ouest doit être voté cotte fois, mais aussi qu'il soit reconnu que l'équité et l'intérêt général sont des principes dont on ne se départit jamais impunément. ARMAND BERTIN....

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

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