Extrait du journal

corporations religieuses, organisées en 1816 sous l'in fluence de l'absolutisme. Je vois , dit-il, aussi avec peine cette multitude de congrégations religieuses de femmes qui, se répandant chaque jour sur la surface de la terre, forment Un véritable contresens avec l'opinion publique, et foyer des opinions contre-révolutionnaires. Je ne rajipellerai point qu'on aurait dû faire pénétrer lajiberté dans ces asiles et donner le droit légal de les faire ouvrir; qu'on aurait.dû chercher s'il ne convien drait pas den diminuer le nombre progressive ment-, et si le retour des donations qui les ont fondées, aux héritiers des imprudens donateurs, ne serait pas un acte de justice autant que d'une saine politique. Le principe du droit divin est impunément proclamé au milieu de nous, et vous n'avez pas oublié l'étrange lettre qui a paru dans une feuille quotidienne et' re vêtue de la signature d'un pair de France. On a porté le scandale jusqu'à distribuer aux membres dé cette Chambré un écrit où est soutenue l'existence du droit divin et de la légitimité, supérieure à tous les droits et surtout à ceux du peuple. , .'h R Ne nous y trompons.pas, ce n'est pas ici un fait isolé, vous trouverez partout des insinuations artificieusement répandues sur le retour de Charles X : nos ennemis triompheraient, surtout s'ils prenaient le change sur lé but de la proposition qui vous est faite ; s'ils prenaient nos discussions pour des symptômes de division. J'ai en tendu plusieurs fois s'échapper de certaines lèvres con tractées par un sourire sardonique, ces cris d'une joie infernale : Ils se perdent ' ils se perdent! Non, nous ne nous perdons point, Messieurs, car nous ne nous di visons pas. (Bravos réitérés. ) Nous diviser! lorsque autour de nous rugit le démon de la discorde, lorsque la guerre civile s'élève dans un royaume voisin, par un prince qui a préféré détruire par la force, une population qu'il pouvait ra mener par des concessions justes et modérées, qui a in cendié l'une de ses capitales, et fait périr son armée sous le fer des citoyens , lorsque les divers Etats qui ouvrent sur nous des yeux jaloux, nous ont peut-être empêchés d'y intervenir? Nous diviser ! lorsque notre belle patrie rappelant la cosmogonie d'un ancien législateur, se trouve placée sous l'influence du génie du bien et du mal, du prin cipe de la lumière et du principe des ténèbres. ! Nous ne nous diviserons pas, j'en atteste le patrio tisme , la raison du peuple que nous avons l'honneur de représenter; j'en atteste la raison et le patriotisme du Roi , qui possède et qui mérite la confiance de la nation. ( Vives acclamations. ) • Nous sommes tous amis de la lumière;nous invoquons tous le grand jour. L'enquête proposée répondra, je l'espère, à ce besoin, elle nous fera découvrir le bien qu'il reste à faire, et, s'il fautjcombattre,nous nous discuterons l'honneur des premiers sacrifices et des premiers devoirs, ou la pre mière mort ou la première victoire. ( Mouvement d ap probation à gauche.) M. LE PRÉSIDENT : La parole es accordée à M. Dupin, en sà qualité de ministre d'Etat. ( Mouvement général r d'attention ; un profond silence s'établit.) M. DUPIN : L'opposition est dans son droit, elle est toujours utile :si elle est vraie, elle avertit le pays, elle avertit le gouvernement ; si elle se trompe , sa jus tification est d'autant plus facile. C'est pour cela que le ministère lui-même a désiré la plus grande liberté de discussion. L'attaque semblait devoir être vive ; mais elle s'est elle-même adoucie et considérablement modérée. Notre réponse demeurera ce que, dans tous les cas, elle aurait dû être, calme et modérée....