Extrait du journal
Quatre heures. C'est le moment où le travail bat son plein. Il y a six semaines encore, bien que la saison fût déjà avancée, taxis et équipages s'alignaient le long du ruisseau sur plusieurs rangs et en files ser rées. Sur le trottoir, on avait peine à fendre le flot qui se pressait vers les portes, à se frayer un passage- tpanni la foule des demi élégantes, en quête d'une occasion, qui assiégeaient les comptoirs en plein air, re tournant les coupons, les rubans et les soldes d'un geste avide et affairé. Sur la façade d'arrière, tout un peuple de facteurs éngouft'rait des tapis, des meubles, de la vaisselle dans les grandes autos de livrai son. Aujourd'hui, plus de voitures, plus de ; comptoirs au dehors, quelques rares pas santes qui ne s'arrêtent même plus aux devantures ; on circule aussi librement que dans une rue d'Auteuil. On entre. Sous ce hall, jadis bourdonnant de ru meurs et qui, vu des galeries d'en haut, rappelait une fourmilière, solitude et si lence complets. Les avenues sont désertes; 011 voit d'un bout à l'autre l'étendue luisante du parquet et les dessins insoupçonnés de ses voliges en point de Hongrie. Il y a encore tout un personnel mâle d'employés en jaquette et d'inspecteurs en cravate blanche; mais ce personnel a les tempes grisonnantes et le ventre arrondi; c'est fini des jolis vendeurs à la taille fine, à la moustache mousseuse, qui souriaient au rayon des gants et faisaient apprécier la qualité des Suède avec des gestes si cares sants. De temps en temps, une cliente arrive. Elle ne s'attarde pas, elle n'a même point à lutter contre les tentations, elle ne re garde pas. C'est une ménagère qui va aux choses solides, à la chaussure, à la flanelle et qui va tout droit vers son but. Peu de monde àla confection, très peu aux modes; à la dentelle, personne. Le rayon de librai rie est encombré de cartes géographiques, celui desjouets vend des drapeaux aux cou leurs des alliés, des bannières de Jeanne d'Arc et tient même en réserve deux ou trois étendards aux armes de Savoie. Le rayon le plus achalandé est un rayon nouveau, celui des ambulances. On y vend du matériel d'hôpital, du coton hydro phile, de la toile à pansement. Et l'on admire dans une vitrine un costume com plet de dame de la Croix-Rouge, auquel, par habitude, une main experte a su.donner de l'élégance en imprimant à la jupe blanche des plis ondoyants et gracieux. Z....
À propos
Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.
En savoir plus Données de classification - mercier
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