Extrait du journal

Après les préliminaires d'usage, c'est à M. Méline que M. le Président de la République s'est adressé pour lui confier le soin de former un nouveau Cabinet. M. Méline a accepté cette mission et il a, pendant la journée d'hier, engagé des négociations dont le résultat n'est pas encore connu. Si elles sont menées à bonne fin, un Cabinet présidé par M. Mé line trouvera, nous en sommes con vaincu, un accueil favorable à la Chambre et au Sénat. Le nom, les opinions, le passé de son chef le recommanderont aux sympathies des hommes modérés. Nous ne parlons pas des opinions éco nomiques de M. Méline. Elles ont assu rément une très grande part dans l'in fluence qu'il exercé à la Chambre, et ont beaucoup contribué à'la situation qu'il s'y est faite. Elles ne sont .'pas non plus; pour déplaire au Luxembourg. Mais dans ce journal, au moins eltes, vouent celui qui les professe à un perpétuel anathème. Heureusement M. Méline n'a pas que des opinions économiques, et il est juste d'a jouter que, dans les circonstances actuel les, sa présence à la présidence du Conseil ne peut guère aggraver les conséquences de son hérésie. Il y a trop d'hérétiques comme lui dans les deux Chambres, et les majorités parlementaires se sont engagées trop avant et ont été trop peu retenues dans cette mauvaise voie pour que l'arrivée au pouvoir de l'apôtre du protectionnisme soit de nature à empirer sérieusement la situation. Ce n'est pas à dire que le débat soit clos et la question jugée. On y reviendra à coup sûr. Mais pour le moment c'est d'autre chose qu'il s'agit, et il nous est permis, ce qui nous est une satisfaction très douce, d'envi sager M. Méline sous son meilleur aspect. Politiquement parlant, ses opinions ne sont point de celles qui effrayent. Son caractère est de ceux qui rassurent. Bien que ce'soit une question en économie politique de savoir si l'on peut être pro tectionniste et honnête homme, on peut se hasarder à dire que M. Méline passe pour un homme fort honnête. Bien qu'emporté par sa triste passion il se soit presque toujours tenu à l'écart des débats politiques pour se consacrer tout entier à la défense d'une mauvaise cause, il a cependant eu plusieurs fois l'occasion...