Extrait du journal

La crise ministérielle paraît terminée. On trouvera plus loin la composition du nouveau Cabinet. Tous les détails n'en sont pas égaux, mais l'ensemble est acceptable, et il faut savoir gré à M. Méline du courage avec lequel il a accepté une œuvre laborieuse et de la rapidité avec laquelle il l'a conduite à terme. La situation était délicate, diffi cile : tout faisait craindre que la crise ne se prolongeât assez longtemps. A peine ouverte, la voilà finie. Il ne manque pas de prophètes pessimistes pour dire qu'elle se rouvrira bientôt, et, assurément, .cela peut arriver. Presque tous les Cabinets sont accueillis, à leur début, avec défiance, ou même avec irritation; leur composition, quelle qu'elle soit,, cause des déceptions et soulève des colères; mais ils survivent généralement à ces premières bordées, et la suite de leur carrière dépend d'eux exclusivement. Le ministère Méline commence par des va cances parlementaires : c'est une bonne chance, à condition de savoir en profiter. Il est probable qu'avant de se séparer, la Chambre ne lui demandera rien; peut être même, et il faut le souhaiter, votera t-elle le budget; mais peut-être sera-t-elle aussi plus exigeante à son retour, et c'est pour cette échéance qu'il faut se préparer. Le caractère de M. Méline inspire une sympathie universelle. M. Méline n'a pas un seul ennemi ; il n'a même d'ad versaires que sur le terrain économique. Encore sait-on bien que, dans ces der niers temps du moins, il a plutôt modéré la commission des douanes qu'il ne l'a excitée. Il y a plus protectionniste encore que lui. Qu'importe, d'ailleurs? Les questions dé tarifs sont, pour le moment du moins, résolues : personne ne songe à les remettre en cause...