Extrait du journal

Nous constations, il y a deux jours, l'échec des nationalistes à Batignolles : peut-être sera t-il suivi de quelques autres, mais nous ne vou lons pas préjuger l'avenirr Le bilan de la .situa tion* actuelle suffit à montrer que les nationa listes perdent du terrain, et 1# terrain qu'ils perdent, les libéraux le gagnent. Gela vient sanê douté de ce que ces derniers ont toiijours eu des principes fixes et qu'ils y sont restés fi dèles, "nndis que les autres ont fait reposer leur politique sur un expédient tout provi soire. Loin de nous la pensée de leur rien dire de pénible.! Nous n'avons jamais méconnu ce qu'il y avait eu, à une heure donnée, de généreux dans l'initiative qu'ils ont prise. L'armée était publiquement injuriée, calomniée, bafouée, et l'idée de patrie s'obscurcissait dans lésâmes. Une réaction bien naturelle devait se produire, et si les nationalistes n'en ont pas eu le mono pole, comme ils ont paru le croire quelquefois, on ne saurait méconnaître qu'ils s'y sont portés avec beaucoup de chaleur et d'impétuosité. Un mouvement spontané, désintéressé à l'origine, se dénature presque toujours à mesure qu'il se prolonge. Il était inévitable que des cal culs de -parti se mêlassent assez vite au premier élan du nationalisme. Mais cela ne lui est pas particulier. Le défaut de ce parti a été de n'en être pas un. Il se composait des mécontents de tous les autres, ce qui ne laissait pas dé produire une extrême confusion. On lui aurait vainement demandé un programme : il lui aurait été plus facile d'en faire plusieurs. L'accord entre ses adhérents ne s'était opéré que sur un sentiment, et avec cela on ne va pas loin en politique. Les libéraux, au contraire, avaient une doctrine : nous espérons qu'on ne le contestera pas aujourd'hui, car c'est ce qu'on leur a reproché pendant toute la crise. Ils appor taient avec eux un bagage qui paraissait trop lourd pour les opérations aventureuses aux quelles on entendait se livrer. On le leur a dit assez brutalement. Ils semblaient être un obsta cle, si les jacobins détenteurs du pouvoir étaient l'ennemi....