PRÉCÉDENT

Journal des débats politiques et littéraires, 2 août 1830

SUIVANT

URL invalide

Journal des débats politiques et littéraires
2 août 1830


Extrait du journal

PAIUS , IER1ER août. Five la Charte ! C'est le cri qui retentissait dans toutes les rues pendant lés trois glorieuses journées des 27, 28, et 29 juillet. C'est au cri de Fwe la Charte que se construisaient cesharicades, soudains rem parts de notre liberté, et qui s'élevaient de terre comme par enchan tement. C est au cri de Five la Charte que s'arboraient sur les corps de garde, enlevés les uns après les autres, les trois couleurs, gage d'in dépendance et de gloire. C'est au cri de Vive la Charte que se préci pitaient sur la garde royale et sur les suisses, ces bataillons d'ouvriers , de bourgeois et d'étudians , que l'amour de la patrie et des lois a chan gés en soldats intrépides. Au Louvre, enfin, quand le peuple, man quant de cartouches, s'est élancé au pas de course, la baïonnette en avant, et adu premier bond écrasé ses ennemis, quand le drapeau tricolore a flotté aux fenêtres du pavillon de la colonnade, c'est le cri de Vive la Charte qui animait le combat et qui a proclamé la vic toire. C'est donc la Charte qui a vaincu , et cette victoire elle l'a gagnée par les mains du peuple. Nos ennemis pour diminuer le mérite de la Charte, ne cessaient de faire retentir a nos oreilles .ces mots de don et de bienfait. La Charte avait été octroyée. Leur vanité s'armait de ce mot pour nous faire honte ; leur perfidie s'en armait aussi pour nous priver de nos libertés,, ils disaient insolemment que la royauté pouvait révoquer ce quelle avait donné. Que disent-ils maintenant dans les abris oit leur peur s'est cachée? Non la Charte n'est plus octroyée, elle est à nous : nous l'avons conquise, elle nous appartient par droit de conquête; c'est nous, à notre tour, qui l'octroyons; c'est nous qui en faisons la règle du gouvernement que nous acceptons. Ce n est plus la Charte de Saint-Ouen, c'est la Charte de la France libre et victorieuse. La Charte date dorénavant du 28 juillet 1830. En prenant le cri de Vive la Charte pour cri de combat et de vic toire, nous avons été justes et reconnaissans. C'est elle , en effet, ce sont les principes qu'elle a consacrés qui ont fait notre éducation de peuple libre ; c'est la liberté de la presse qu'elle reconnaît, qui, en nous avertissant sans cesse de nos droits et des violations qui se pré paraient contre ces droits sacrés, nous a tenus éveillés et prêts au moment du danger. C'est l'inamovibilité de la magistrature, reconnue par la Charte aussi bien que par la déclaration des Représentons en 1815, quia sauvé la liberté de la presse des attaques du ministère public. C'est par la liberté des élections, qui est le vœu de la Charte, que sont arrivés dans l'enceinte des Chambres tant de nobles repré sentans de 1 opinion publique, tant de Députés éloquens qui ont maintenu si courageusement nos droits et nos libertés. L'histoire, en rappelant le.souvenir des glorieuses journées qui viennent de s'accom plir, n'oubliera pas que c'est l'Adresse de la Chambre des Députés qui a été le principe et la cause de la révolution patriotique du 30 juillet. Peu de Chambres ont montré plus de dévoûment à la li berté, plus de zèle pour l'ordre public, plus d'amour de la gloire et de l'honneur de la patrie que cette Chambre de 1827, si honorable ment réélue en 1830 ; c'est elle qui a affranchi la pensée; c'est elle qui a purifié les élections ; c'est elle qui voulait nous doter des lois municipale et départementale ; c'est elle, enfin, qui a fait l'Adresse, et majestueuse protestation eu faveur de nos droits, cette sage et lumineuse interprétation du gouvernement représentatif. Le Ciel, ayant résolu la régénération de la France, ne pouvait pas con fiera des mains plus dignes et plus pures, le soin de compléter la Charte, C'est là, en effet, ce que nous avons le droit de demander à la Chambre des Députés : une déclaration qui explique l'esprit de la Charte d'une manière qui ne laisse plus lieu aux doutes.et aux interprétations perfides. Cette déclaration servira désormais de préface et de commentaire à notre pacte constitutionnel. Mais avant cette déclaration, avant cette sanction nouvpllé donnée aux principes de liberté consacrés par la Charte, il y a unà.sanction plus efficace et plus forte à lui donner, une de ces sanctions qui ne s'oublient pas et qui restent gravées à tout jamais dans la mémoire des peuples, la condamnation prompte et exemplaire des ministres violateurs de la Charte. C'est la le premier devoir de la Chambre des Députés : qu'elle accuse devant la Chambre des Pairs les sept hommes qui ont déchiré la Charte et troublé le repos public. Que la Chambre des Pairs leur inflige la peine qu'ils ont méritée, et que leur punition apprenne à tous les ministres à venir qu'on ne se joue pas impunément...

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

En savoir plus
Données de classification
  • de polignac
  • charles x
  • guillaume d'orange
  • catoni
  • victrix
  • saint
  • france
  • angleterre
  • paris
  • londres
  • europe
  • saint germain
  • chambre
  • alger
  • ala
  • chambre des pairs