Extrait du journal

Guerre », ne touche qu'une subvention de la préfecture de police, une autre de la mairie du 14e arrondissement; les dons privés ont fait le reste. Depuis le i 5 août, le « Secours de Guerre » a distribué gra tuitement 55,000 repas ;le nombre de ses lits a été.porté à 700; il en faudrait le double pour répondre aux besoins de ses hôtes, qui sont aujourd'hui près de i,300. C'est de Reims, de Soissons, de la vallée de l'Aisne qu'arrivent les nouveaux réfugiés. A la porte, un bureau inscrit leurs noms et professions, car le Secours de guerre ne se charge pas seulement de les recueillir, mais aussi de les placer ; un médecin les visite, les désinfecte et les vaccine ; un ves tiaire les rhabille et les chausse. Après quoi, on les répartît dans les dortoirs et dans les chambres. Les chambres sont les anciennes cellules des séminaristes, on les a réservées aux familles, principalement à celles qui étaient habituées, à un peu plus de luxe; parmi ces émigrants, il y a des malheureux de toute condition. Le mobi lier est maigre : des lits de fer, une table, peu de chaises ; pour chauffage, la porte ouverte sur d'infinis couloirs où rougissent quelques poêles. Tandis que, pour les hommes, on cher che du travail au dehors, on emploie les femmes à la maison ; les meilleures cou seuses, qui sont souvent les Belges, tri cotent ou ravaudent dans un atelier, près d'une large baie, sagement alignées sur quatre rangs de chaises comme les Orphe lines du tableau de Liebermann. Dans les couloirs, dans les escaliers passent à tout moment des mères portant un enfant sur le sein. Une aïeule, au fond d'une cellule, s'est assise sur la paille où Ses petites-filles, deux jumelles, dorment à poing fermé : pauvres gens, arrivés tout à l'heure, qui ne sont pas encore casés. Nous traversons le réfectoire, dont les longues nappes de toile cirée sont égayées de quelques fleurs, ensuite une salle pleine de ramages : une vingtaine de mioches ba billent autour du feu ou, sous la direction d'une jeune monitrice, font en chantant des flexions gymuastiques. Ce sont les enrhu més ; les autres, au gré de leurs parents, sont conduits aux écoles, chrétiennes ou laïques....