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Journal des débats politiques et littéraires, 3 février 1873

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Journal des débats politiques et littéraires
3 février 1873


Extrait du journal

Nous nous ferions scrupule de troubler, l'établissement de l'union entre la commis-1 sion des Trente et le pouvoir exécutif si nous pouvions croire que cette union dût, être réelle et sincère. Malheureusement, nous ne la croyons pas même possible. Il est évident, pour tout observateur attentif, que depuis la reprise de la session il y a, de la part de la droite, une détermination très systématique et très patiemment sui vie, non pas de renverser M. Thiers, mais de le neutraliser ; de faire de lui une sorte de fantôme constitutionnel, et de gou verner sous son nom. Or, c'est sur ce point que l'entente est impossible. Dans l'esprit de la majorité et même de l'universalité des Français, aux yeux des étrangers et du monde entier , M. Thiers est un premier ministre, un chef de cabinet, un président du con seil responsable. Il a été choisi par la nation pour parler et non pour se taire, pour agir et non pour se croiser les bras. Vouloir lui interdire la tribune, ou seule ment régler les cas dans lesquels il lui sera permis d'entrer dans l'enceinte de l'Assemblée, est un véritable non-sens. Dût-on nous traiter de factieux, nous per sistons à dire que M. Thiers ne doit point se soumettre à de pareilles conditions. La com mission des Trentè et les partis dont elle est l'instrument et l'organe n'ont pas d'au tre objet que de prendre le pouvoir pour l'exercer sous son nom, et d'exploiter à leur profit la grande popularité dont il jouit dans le pays. S'il s'agissait véritablement d'un roi con stitutionnel, si nous étions en Angleterre ou en Belgique, le souverain titulaire et officiel serait bien obligé de supporter des ministres qui ne seraient pas de son goût. Gela se voit, et ni roi ni reine'ne s'en vont pour cela. Mais, nous devons le redire, ici c'est M. Thiers qui est lui-même le pre mier ministre d'un souverain dont nous serions fort embarrassés de dire le nom; c'est lui qui est attaqué et qui peut être au besoin renversé dans la per sonne de chacun des membres de son cabinet, et par conséquent c'est à lui et non pas à l'Assemblée qu'il appartient de les choisir. Les meneurs de la majorité ne nous paraissent pas bien saisir cette règle constitutionnelle élémentaire. Ils voudraient prendre le pouvoir et l'exercer sous le nom de M. Thiers, comme ils le feraient sous la reine Victoria ou sous le roi Léopold ; mais il y a cette différence que M. Thiers n'est pas souverain, qu'il est premier ministre responsable, qu'il n'est que le délégué de l'Assemblée, et qu'il n'a pas même, comme la reine d'Angleterre et le roi des Belges, la faculté d'en appeler de la Chambre au pays par une dissolution et de nouvelles i élections....

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

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