Extrait du journal
La discussion du budget de l'instruction publique à la Douma d'empire. Pétcrsbourg, le 9/22 juin 1908. L'émotion causée par l'entrevue de Reval est un peu calmée. Toute l'attention du public, du moins celle du "public lettré, se réporte sur les débats parle mentaires. Il faut avouer qu'ils deviennent, de jour en jour, plus intéressants. Et ceci pour divers motifs. D'abord la discussion, se prolonge, et Dieu sait avec quelle âpreté, sur cette question capitale, le budget de l'empire. C'est l'unique, occasion offerte à, nos re présentants de critiquer tout le système gouverne mental, et je vous prie de croire qu'ils savent la mettre à profit. Ensuite il se trouve que la Douma dont la grande majorité est profondément « loya liste», fait preuve à tout propos, d'une indépen dance et d'un libéralisme qu'on était loin d'attendre d'elle. , La discussion du budget de l'instruction publique est, â ce point de vue, particulièrement caractéristi que. Ce département ministériel est confié pourtant à un libéral (ou réputé tel), M. Schwartz. If n'ea-a pas moins subi des avanies aussi nombreuses que variées. Du reste, au moment où je vous écris, l'exécution de ce ministre se poursuit toujours,et l'on ne sait quand elle finira. Notez bien que 130 orateurs sont inscrits pour traiter cette question, et la plupart d'entre eux sont des mécontents ! Il y eut d'abord un premier lever de rideau. Il s'a gissait de discuter, d'urgence, l'acceptation d'un legs important, fait à la ville de Moscou par le général Chaniavski, en vue d'ouvrir là-bas une « Université populaire ». On sait que cette étiquette, séduisante et flatteuse, d'allure humanitaire et démocratique, ne répond encore à aucune réalité bien précise. En effet, une Université « populaire » doit ouvrir gratuitement et libéralement ses cours à quiconque veut les suivre, c'est-à-dire, en réalité, à une foule de gens très peu lettrés. Or, comment révéler les finesses de la science, qui demande tant de labeur et d'études, à des audi teurs dépourvus de toute instruction secondaire, voire mémo de toute instruction primaire ? Comment se faire comprendre d'eux ? Comment mettre à la . portée du gros public les conceptions abstraites des savants de profession? Autant faire un cours de mé taphysique à des enfants de huit ans 1 Voilà pourquoi ces tentatives, généreuses mais in considérées, de haute science mise à la portée des masses, ont abouti généralement, chez nous, à l'échec le plus piteux. Les cours sérieux étaient tout de suite délaissés du public, qui exigeait, non des classes, mais ce que Vous appelez des clubs ». Les seuls qui réussirent étaient des .cours de propagande politique, tels que ceux où le professeur se proposait de traiter « du capital et du travail », ou bien encore « des be soins de la classe ouvrière»,ou même «dusocialisme international». Or le général-Chaniavski a légué sa fortune à la j ville de Moscou, mais à la condition formelle que les cours de son « Université populaire » commence raient, au plus tard, le 1" octobre prochain. 11 y avait donc urgence à prendre une décision. M. Kapouskine, rapporteur de la commission, commença par reprocher au ministre d'avoir mis si tardivement le projet en délibération. Puis, abordant le texte même du projet, il s'indigna de voir que M. Schwartz y avait inséré un article additionnel, por tant que le sujet des cours et le détail des program mes devraient être,ainsi que le choix des professeurs, préalablement approuvés par le ministère. « Voilà bien, s'écrie-t-il, une nouvelle preuve de la subordi nation de la science à la bureaucratie et de la liberté d'enseignement au régime de l'oppression! » Et la Chambre, presque entière, applaudit vigoureusement son rapporteur. Les libéraux seront sans doute fort éton nés de constater un pareil état d'esprit dans une as semblée réputée foncièrement conservatrice. Mais il faut songer que la Russie a été longtemps soumise à...
À propos
Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.
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