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Journal des débats politiques et littéraires, 3 juin 1898

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Journal des débats politiques et littéraires
3 juin 1898


Extrait du journal

sur la politique générale, et qui est en effet indispensable, qui l'est même plus que jamais, sera sans doute plus utile, à une condition toutefois, c'est que tous les partis y prennent une attitude très nette et très franche, et qu'on ne se perde pas dans des artifices de procédure parlementaire, au moment où le pays se montre le plus avide de clartés. Un seul point est dès maintenant établi. Les radicaux se croyaient, ou du moins se disaient maîtres de la situation : ils ne le sont pas. Sans les socialistes, ils ne pouvaient rien dans l'an cienne Chambre ; sans eux, ils ne peuvent rien dans celle-ci ; mais, même avec eux, et en donnant avec toutes leurs forces réunies, ils n'aboutissent les uns et les autres qu'à une voix de minorité. 11 était important que cette démonstration fût faite dès le premier jour de la législature ; elle l'a été avec une force pro bante qui ne laisse rien à désirer. Il y avait eu tant de poussière et de fumée sur le champ de bataille électoral que ie champ clos politique en était resté un peu obscurci et indéterminé. Voici qu'il commence à s'éclaircir et à se dé gager. Nous sommes loin de penser que la classification des partis qui a paru se faire hier est définitive : rien ne serait moins exact, rien surtout ne serait moins politique. Parmi ceux qui, dans le mystère du scrutin, ont donné leur voix à M. Brisson, il y a des hésitants qui ne se connaissent pas encore très bien, qui n'ont pas atteint la pleine possession d'eux-mêmes, qui n'ont pas fait leur dernier examen de conscience, et qui, au dé botté de la campagne électorale, ont marché un peu comme on les a poussés. Plusieurs d'entre eux, beaucoup peut-être, reviendront et se ra battront vers le Centre, et il serait très impru dent de leur couper les ponts. Si les excommu nications sont toujours malencontreuses, c'est surtout au commencement d'une législature qu'il convient de s'en abstenir. Evidemment, il n'y a pas de majorité toute faite; mais la seule conclusion àen tirer est qu'il faut en faire une. Une telle œuvre ne s'achève pas en un jour :il y faut beaucoup de temps, dé pa tience, d'habileté, et même d'industrie. On aper çoit, dès aujourd'hui, entre le Centre et la Gauche avancée, un groupe un peu vague qui va être l'objet des sollicitations lesplus diverses. Comment se partagera-t-il ? Comment se répar tira-t-il, en fin de compte? C'est le secret de l'a venir ; c'est peut-être aussi le secret de la majo rité prochaine Partout où il y a quelque chose à espérer, il y a quelque chose à tenter. La seule limite à ne pas dépasser est celle où on cesserait d'être soi-même, et où on deviendrait le prisonnier de l'ennemi sous prétexte de le mieux tenir. Les républicains de gouverne ment, quel que soit le nom nouveau qu'ils se donnent, ou le nom ancien auquel ils revienI nent, sont le groupe le plus nombreux et le plus important de la majorité. Ils en sont le pivot. Un pivot.peut tourner sur lui-même pour consulter les divers points de l'horizon; mais il reste en place. La majorité doit être ouverte dans tous les sens ; mais l'axe n'a pas besoin d'en être déplacé. Si on ne le comprend pas, et si, sous prétexte de conciliation, on s'efface devant les autres, alors que ceux-ci accentueront de plus en plus leur relief, rien n'est plus aisé que de prévoir et de prédire où on en viendra "bientôt. Il suf fit. pour cela de lire avec quelque attention la séance d'hier. Nous ne voulons rien exagérer ; nous en avons vu bien d'autres, et nous en sommes revenus. N'empêche que nous sommes menacés de la plus étrange et de la plus dange reuse cacophonie politique. Faisons la part de l'inexpérience d'une Assemblée nouvelle, et rien n'est plus juste; mais, cette part une fois faite, avouons que la Chambre a donné hier le plus triste, et même lepluspiteux des spectacles. Sans doute, elle était présidée par le doyen d'âge. Les doyens d'âge se laissent quelquefois aller à prononcer des discours où ils retombent en jeunesse ; après quoi, ils se trouvent fatigués au moment d'agir. C'est peut-être une mau vaise institution que celle-là. Quoi qu'il en soit, le désordre a été tel qu'il a gagné les tribunes publiques, et que les cris de : « Dissolution I Dissolution I » se sont fait entendre, glas fu nèbre aùprès du berceau d'un nouveau-né. Il...

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

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