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Journal des débats politiques et littéraires, 3 mars 1845

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Journal des débats politiques et littéraires
3 mars 1845


Extrait du journal

immobilières, tous les ministres, disons-nous, se sont laissé éblouir par l'exemple de l'Angleterre. En attaquant le principe môme de la conversion, ils se seraient débarrassés de celte déplorable question, qui pèse sur le crédit et qui en arrête l'essor ; ils auraient réalisé par le taux élevé au quel ils auraient pu contracter leurs emprunts plus de bénéfices que n'en procurera jamais au Trésor une misérable réduction forcée; l'intérêt des capitaux se serait abaissé de lui-même daus les transactions privées; les ministres auraient été dans le vrai et dans le juste, au lieu d'être dans une position fausse, et il est probable qu'aujour d'hui il en serait de cette question des rentes comme de beaucoup d'autres questions qui ont été abordées plus résolûment ; on n'en parlerait plus. On voit donc que sur le fond de la question nous sommes loin de partager les opinions de M. le ministre des finances. Il admet le principe ; nous le repoussons. Il croit l'opération avantageuse en elle-même; nous la croyons radicalement mau vaise. Pour nous, il y a une question de justice qui domine tout, et qui sera l'année prochaine ce qu'elle est cette année; pour lui, il n'y a qu'une 3uestion d'opportunité. C'est un des petits côtés e. l'affaire, à notre sens ; mais enfin nous ne pouvons pas forcer M. le ministre des finances à partager notre point de vue, nous sommes obligés d'admettre ses convictions en les dé plorant; il est partisan de la conversion des rentes; il l'a toujours été. Sa bonne foi sur ce point ne saurait être mise en doute ; il n'élude pas, il ajourne. Quels sont ses motifs pour ajour ner ? En vérité, nous aurions comme certaines gens le fanatisme de la réduction du Cinq pour 100, que ces motifs nous arrêteraient tout court. Dans l'in térêt même de l'opération, nous en appuierions la remise à une autre année. Deux graudes affaires pèsent celte année sur nos finances et sur la Bourse, l'emprunt qui n'est pas encore classé, et les chemins de fer. Quand la conversion serait aussi bonne que nous la croyons mauvaise, serait-ce le moment de la tenter? La situation n'est-elle pas assez compli quée? Faut-il tout entreprendre à la fois? Qui peut prévoir les perturbations que produira dans le cours des fonds publics et dans la fortune des fa milles cette immense opération delà conversion des rentes? Mais, dit-on, l'année dernière M. le ministre des finances ajournait la conversion, sous prétexte qu'il était à la veille de faire l'emprunt; cette an née il ajourne encore, parce que l'emprunt vient d'être fait; quand cela cessera-t-il? La réponse est bien simple : quand on ne sera ni à la veille ni au lendemain d'un emprunt. Il est incontestable, et le bon sens dit assez, que les raisons qui existaient la veille de l'emprunt pour ne pas se jeter dans la conversion, subsistent dans toute leur force le len demain de l'emprunt. Ces raisons-là ne changent pas du jour au lendemain, parce qu'une opération comme celle de l'emprunt ne s'achève pas du jour au lendemain. Si donc le motif a paru suffisant l'année dernière pour ajourner la conversion , il doit suffire cette année encore. Une considération qui nous toucherait, quant à nous, davantage, c'est celle que M. le ministre des finances a tirée de l'urgence qu'il y a à faire usage de toute la puis sance de l'Etat pour terminer les chemins de fer. Il sera toujours temps de prendre aux rentiers 10 ou 20 millions qui ne profiteront à personne ; les chemins de fer, quand ils seront faits, profite ront à tout le monde, et au Trésor plus qu'à qui que ce soit. M. le ministre des finances est partisan de la conversion des rentes; il croit que l'opération peut réussir; il veut qu'elle réussisse : voilà ce que prouvent ses explications pour tout homme de bonne foi. On ne réussit, même dans une bonne opération, qu'en choisissant le moment favorable. Tout partisan d'ailleurs qu'il est de la conversion des rentes, M. Lacave-Laplagne, qui ala respon-...

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

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