Extrait du journal
En France comme à l'étranger, la journée d'hier s'est passée sans no.tables incidents. A Paris, les réunions annoncées se sont tenues dans la matinée à la Bourse du Travail et dans un certain nombre d'autres locaux ; quant à la grande manifestation qui, annoncée et provo quée par l'Union des Syndicats, devait avoir lieu l'après-midi aux Champs-Elysées, à la place de la Concorde et sur les boulevards, elle s'est réduite à une promenade de groupes isolés, composés chacun de quelques personnes il peine. Les arrestations faites pour refus de circuler, pour outrages aux agents ou pour pro vocation de militaires à la désobéissance ont été beaucoup moins nombreuses qu'en 1907 et en 1906. De même, en province, la tranquillité publique n'a pas été sérieusement troublée. A part quelques bagarres à Brest, à Tou lôn, à Saint-Etienne, il ne s'est guère pro duit de désordre. Les nombreux délégués que la Confédération du Travail avait envoyés dans les départements pour y porter la bonne parole se sont mis vainement en frais d'élo quence ; tout s'est passé exactement comme s'ils étaient restés paisiblement à Paris.Les journaux socialistes parlent en termes pompeux de l'im posante et grandiose démonstration quis'ostpro duite hier. Le prolétariat, disent-ils, a affirmé avec éclat sa volonté inébranlable d'obtenir la journée de huit heures. Personne n'est dupe de ces belleî phrases. Il s'en faut de beaucoup que le chômage ait été général et, parmi les ou vriers qui n'ont pas travaillé, la plupart ont songé à profiter d'une belle journée de prin temps beaucoup plus qu'à manifester. Le 1" mai 190 S ne laissera pas de trace dans l'histoire. A quoi tient ce résultat ? C'est une question à laquelle il n'est pas difficile de répondre, et on peut le faire de deux façons. D'abord, nous sommes à la veille du renouvellement des Con seils municipaux, et les meneurs socialistes et révolutionnaires, qui savent être opportunistes à l'occasion, ont sans doute pensé que des troubles dans la rue se produiraient fort mal à propos.Sauf dans quelques quartiers de grandes villes, le déploiement du drapeau rouge est un détestable moyen de propagande électorale. Puis, et surtout, les précautions prises par l'au torité ont inspiré aux gens turbulents de salu taires réflexions. Il est très aisé de railler, après coup, les mesures prises pour empêcher les attroupements, les accumulations de trou pes dans les cours de monuments publics, les patrouilles et les «manèges», la mobilisation des gardiens de la paix. On peut laisser aux journalistes et aux orateurs collectivistes le plaisir de déclarer que tout ce déploiement de force publique était ridicule et superflu, puis qu'il n'y a pas eu de troubles. La réponse à ee raisonnement absurde est. si facile que nous pouvons nous dispenser de la faire. Nous nous bornons à remarquer que peut-être le gouvernement n'aurait pas besoin de prendre, à Paris, d'aussi rigoureuses précautions contre des désordres possibles s'il n'avait pas com mencé par laisser fournir aux prédicateurs d'émeutes un lieu de rassemblement, une tri bune et un quartier général.Un étranger qui au rait vu hier les abords de la Bourse du Travail occupés militairement, parcourus par des...
À propos
Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.
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