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Journal des débats politiques et littéraires, 3 septembre 1914

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Journal des débats politiques et littéraires
3 septembre 1914


Extrait du journal

Lceuvre commune. Tout de suite elle a agi. En dépit des réunions, des Comités, il ne lui a fallu que peu de temps. Maintenant, tout est prêt. Tout a été*prévu. Tout fonctionne au mieux. Dans le grand salon, sous le plafond bas, où tant d'intimités glorieuses se sont suc cédé, où tant d'esprit français a été sans compter dépensé, où en si grand nombre les récipiendaires, après la réception, ont reçu, avec une émotion qui toujours était sincère tant de compliments qui l'étaient quelquefois, aujourd'hui deux grandes ta bles, des allonges, montées sur tréteaux, sont couvertes de lingerie, d'ouvrages. Au tour de ces tables des femmes, des jeunes tilles, penchées sur l'aiguille, travaillent. Dans lé contre-jour, avec le soleil cru rejeté d'en face, on dirait d'abord un tableau re posant de Bail. De ces femmes, quelques unes sont âgées; beaucoup sont élégantes : celle-ci porté un nom connu. Los conversa lions d'atelier sont rarement édifiantes. Ici, pour plus grande sûreté, on observe la règle du silence, Seulement, pour les dis traire, une charmante jeune fille, elle aussi professionnelle du cœur, va leur l'aire, tout à l'heure, la lecture. Chaque jour, l'après-midi, ces femmes viennent ici travailler quatre heures. De peur que, sans elles, leur maison fût à l'abandon, on n'a pas voulu qu'elles vinssent le matin. Leur travail fait,elles reçoivent leur salaire, un franc. Ce travail, de la lingerie* des che mises, va à nos blessés et à nos soldats. A tout instant des femmes, des solliciteu ses, se présentent à la porte. C'est une théorie qui ne finit plus. On les interroge. On a vite fait de reconnaître les quéman deuses de profession. Les jérémiades n'émeuvent pas. On ne vont ici que de vraies misères. Celles qui veulent travailler, on les occupe tout de suite. Celles qui ont des en fants, ou qui demeurent au loin, on leur donne du travail qui leur sera payé aussitôt rapporté. Et ne croyez pas qu'à montrer ainsi de la fermeté avec de la décision, on fasse paraî tre de la sécheresse ou de la raideur. C'est le contraire qui est le vrai. Nous nous rappelons, en sortant, l'assis tance « officielle » que nous avons visitée déjà. Sans doute nous avons rencontré jus qu'à présent de la politesse, de l'amabilité, un grand désir do faire le bien. Avons-nous rencontré toujours un égal désir, que ce bien fût, autant qu'efficace, ignoré ? Proba blement: nous ne nous souvenons plus.Pour tant ici, partout, c'est un désip contraire que nous avons sûrement trouvé.Aussi,cer tainement, nous avons éprouvé quelque chose que nous n'avions pas senti encore. 11 nous a semblé que l'atmosphère n'était plus tout à fait la môme. Cette impression que que nous avons éprouvée s'impose plutôt qu'elle ne se définit. Elle fait tout de suite régner la confiance. C'est peut-être la vraie noblesse du cœur, quand elle s'exprime spontanément avec le charme, avec la grâce. G. LECHARTIER....

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

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