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Journal des débats politiques et littéraires, 4 février 1834

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Journal des débats politiques et littéraires
4 février 1834


Extrait du journal

PABIS, 3 FÉVRIER. Notre intention, s'est pas de revenir sur l'accident déplorable qui a rempli la semaine dernière. Nous voudrions pouvoir effacer de notre histoire et de nos souvenirs cette cruelle leçon de modé ration donnée à toutes Içs opinionsf mai? nous ne pouvons nous taire sur une fâcheuse disposition dé quelques esprits honnêtes et bien intentionnés, disposition qui s'est signalée bien tristement à l'occasion de l'événement du 29 janvier; nous voulons parler de ce penchant à croire, sans examen et. sans contrôle, à tous les contes ridicules et odieux, à toutes les insinuations perfides, à tous les commérages de partis qui, par tôus les temps, et surtout par les temps d'orage, se répandent et s'accréditent dans une grande cité. Qu'est-il arrivé? Un député a cru son honneur outragé par un propos échappé, pendant la chaleur d'une discussion violente, àun de ses collègues. Une explication s'en est suivie. Après plusieurs jours de débats inutiles, la controverse "a été transportée sur le ter rain; on s'est battu :un des deux combat tans a succombé Issue funeste, à jamais regrettable, que les opinions sages doivent dé plorer; car ce sont surtout les opinions sages qui perdent à l'emploi de la force brutale. Mais l'affaire en elle-même s'était passée dans la rigueur des lois, qu'un préjugé inflexible impose à l'honneur. Celui des deux adversaires que ses sentimens politiques", ses anté cédens, ses services exposaient le plus à l'injustice des partis, a été absous par eux de sa triste victqire; les partis ont même loué sa loyauté, sa franchise. Pour les gens de bien il n'y avait donc, en définitive, qu'à gémir des suites de cette querelle ; pour eux, il n'y avait qu'à pleurer.— Pour les factions, il y avait à calomnier; il fal lait, pour elles, qu'il sqrtît une accusation odieuse de ce malheur, qu'une calomnie jaillît avec ce saug versé : elles ont calomnié. Et qui ont-elles choisi pour le calomnier, pour le mêler à une querelle départi, pour le souiller, s'il était possible, de ce sang répandu? Le Roi. C'est le Roi qui a empêché toute conciliation; é'est le Roi qui a mené par la main les deux adversaires en champ clos , le Roi qui attendait avidement le récit du combat, le Roi qui retenait une lettre de désaveu *le Roi qui la brûlait ! Que Savons nous? il n'a manqué qu'une chose à toutes ces inepties; on a omis de dire que le Roi avait dirigé la balle mortelle sortie du pistolet de M. Bugeaud; mais si on ne l'a pas dit, on le dira. Et quel est le prétexte de toutes ces calomnies? Le voici : M.~dé Rumigny était le témoin du général Bugeaud. On sait l'empire d'une ancienne confraternité d'armes; on sait les devoirs d'une amitié qui a commencé au bivouac. M. de Rumigny est Tandem compagnon d'armes du général Bugeaud; il est son collègue comme député, comme général, comme commandant une des bri gades de la garnison de Paris. À tous ces titres , bien plus encore que par conformité d'opinion politique, M. de Rumigny a accepté la mission de confiance que lui offrait M. Bugeaud. Maintenant, disons-le avec franchise; M. de Rumigny a eu tort. M. de Rumigny est aide-de-eump du Roi. Les. devoirs que cette position délicate lui impose, dans l'intérêt du Roi et du pays, rie sont-ils pas supérieurs à tous les autres, nous parlons surtout de ceux qui pouvaient l'engager dans la querelle du général Bugeaud? Mais il y a plus; M. de Rumigny était de service pendant cette fa tale semaine: son domicile était aux Tuileries; il ne pouvait donc intervenir dans la querelle de M. Bugeaud sans la transporter en quel que sorte au château, avec tous ses incidens, tous ses périls, sans y appeler l'oeil et le contrôle des partis. Et enfin, quand M. le général de Rumigny adû suivre M. Bugeaud sur le terrain, il ne pouvait quitter son service sans une permission du Roi. Or, nous affirmons que le Roi n'a pas donné cette permission ; qu'il l'eût refusée si M. de Rumigny l'eût demandée. Nous affirmons que M. de Rumi gny n'avait aucunement entretenu le Roi delà part qu'il devait prendre au duel ; que le Roi ne Ta connu qu'au moment où M. de Rumigny est venu lui en raconter la déplorable issue. Nous disons plus: le Roi a blâmé, blâmé avec d'autant plus de force qu'il était plus affligé du résultat, ce manquement de son aide-de-camp aux règles de la discipline militaire....

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

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