Extrait du journal

Tandis que le gouvernement s'efforce de boucler tant bien que mal le budget de 1894, les Chambres travaillent consciencieusement à détruire un équilibre si laborieusement ob tenu sur le papier. Il y a quelques semaines, la Chambre a voté un supplément de dépenses de 20,276,700 fr. pour améliorer le traitement des instituteurs. Une commission spéciale, chargée par le Sénat de se prononcer sur le projet de loi, a réduit a 14,336,500 fr. les nouveaux sacrifices que devrait imposer l'augmentation proposée. Eh même temps, la commission a pris la précaution de frac tionner cette somme en quatre annuités successives d'environ 3,500,000 fr. chaque. Saisie à son tour de la question, la com mission des finances ne s'est pas bornée à accepter le crédit ainsi réduit. Par l'organe de son rapporteur, M. Trarieux, elle a appelé une fois de plus l'attention sur ce déplorable expédient qui consiste à s'engager « dans des accroissements de dépenses sans avoir la certitude qu'elles puissent être couvertes par les ressources ordinaires de l'impôt «.L'hono rable sénateur ajoute : « C'est là ce qui crée la difficulté, toujours plus grande, de régler, à chaque exercice nouveau, la loi de finances, et ce qui explique la nécessité de recourir à des expédients financiers' qui ne font autre chose que de masquer des déficits. » On ne saurait mieux dire, et la commis sion a cent fois raison de jeter un cri d'a larme. Cet avertissement sera-t-il entendu? C'est douteux. Mais ce qui est certain, c'est qu'avant d'être voté, ce malheureux budget de 1894 est déjà en déficit, et la nouvelle an nuité de 3,500,000 fr. que la commission des finances accepte à contre-cœur n'est pas de nature à rétablir l'équilibre....