Extrait du journal

On sait que Tolstoï n'a pas toujours été l'apôtre de l'ascétisme, de la renonciation et de la simplicité qu'il est devenu dans la dernière période de sa vie. Un de ses an ciens amis, le prince Obolenski, publie en ce moment dans une revue de Moscou, l'Archive russe, de curieux souvenirs sur le grand romancier, qui nous ramènent à l'époque de ses élégances : « Je me souviens du temps, écrit le prince Obolenski, où l'auteur de Maître et serviteur était très mondain, et où il aimait les bals. » Regardez, me dit-il un soir dans le monde, en me désignant une jeune dame, que de poésie il y a dans la toilette de bal d'une femme, que d'élégance, que d'idées, que de charme rien que dans ces fleurs pi quées sur la robe! » Que de chemin parcouru, depuis ce temps là! et quelle intéressante tâche, pour un biographe futur, que d'en suivre et d'en noter les étapes! On nous dit que, dès main tenant, un des plus zélés traducteurs de Tolstoï, M. Halpérine-Kaminsky, s'y est consacré, et qu'il a déjà recueilli de nom breux documents inédits sur les diverses phases de l'existence de l'illustre écrivain. Il faudra bien de la pénétration pour en tirer parti, et beaucoup d'art pour dresser d'ensemble cette figure si compliquée, si séduisante et si caractéristique....