Extrait du journal

Perspective engageante. Parmi les vœux émis par le Congrès de la Fédération de l'éclairage, autrement dit par le Congrès des employés du gaz, il en est un qui mérite de retenir un moment l'atten tion, ne fût-ce que pour le considérant dont il est appuyé. Le Congrès réclame le bénéfice du droit syn dical intégral pour les fonctionnaires de gestion. On connaît la distinction classique entre les fonction naires investis d'une parcelle de l'autorité gouverne mentale et ceux qui ont simplement pour rôle d'as surer un service public. C'est de ces derniers qu'il s'agit. La démarcation est parfois difficile à établir, mais ce n'est pas sur ce point que nous voulons in sister aujourd'hui. Ce qui nous frappe c'est l'argu ment invoqué par les gaziers pour justifier l'impor tance qu'ils attachent à cette motion. Ils y tiennent particulièrement vu « l'extension à prévoir des services publics de gestion ». Et ce pronostic, étant donné l'esprit étatiste qui souffle de plus en plus dans les milieux politiques, est parfaitement fondé, La rachat des chemins de fer, là"' mise en régie d'une foule de services comme ceux dé l'éclairage public, des moyens de transport de toute espèce, et tant d'autres dont il est question à chaque instant, nous promettent, en effet, une extension indéfinie des fonc tionnaires de gestion. Les gaziers ne s'y trompent pas, ils jugent très bien d'où vient le vent. Et si tous ces agents obtiennent le droit syndicaliste intégral, c'est-à-dire entraînant le droit de grève, et tout indique qu'ils l'obtiendront ou le prendront puisque les postiers ne s'en sont pas privés, on voit à quel désarroi nous courons. Quand nous combattons le socialisme d'Etat sous toutes ses formes, on nous re proche parfois de pousser les choses au noir. Les gaziers s'en font la même idée que nous, avec cette différence qu'ils voient des raisons de se réjouir où nous en voyons de nous inquiéter. Et encore faut-il noter que le Congrès de l'éclairage a des tendances simplement « réformistes », qu'il ajourne la grève générale à des temps meilleurs, qu'il ne s'est pro noncé que pour un antimilitarisme mitigé, et qu'il ne détourne pas les camarades syndiqués d'aller à la caserne pourvu qu'ils en profitent pour y propager leurs idées. C'est là ce qu'on appelle maintenant des modérés....