Extrait du journal
Le chargé d'affaires de France à Rio de-Janeiro a signé, le 31 janvier 1891, avec le gouvernement brésilien, un projet de convention pour la protection des œu vres littéraires, scientifiques et artistiques, qui n'est pas encore ratifié. Une partie de la presse brésilienne combat ardem ment ce projet et somme le Congrès de le rejeter. On devine les arguments qu'elle invoque à l'appui de sa thèse : ce sont ceux dont se sont servis, pendant de longues années, dans plusieurs pays d'Europe, et tout récemment encore aux Etats-Unis, tous les partisans de la piraterie littéraire. En apparence, c'est la nécessité pour un peuple à littérature pauvre de puiser large ment dans la littérature des peuples qui ont en quelque sorte le monopole des produc tions de l'esprit, de permettre à ses écri vains et à ses artistes de s'inspirer libre ment des œuvres des maîtres étrangers, de mettre à là portée de tous les traductions ou les reproductions de ces œuvres, de tenir compte des intérêts des libraires et commerçants de tous genres qui vivent de la contrefaçon, En réalité, c'est le droit de s'emparer du bien d'autrui partout où l'on croit pouvoir le prendre impunément. Nous ne nous attarderons pas à réfuter cette argumentation. Heureusement, on pourrait compter aujourd'hui les partisans de l'ancien système de piraterie. La plu part des pays d'Europe ont adhéré à la convention de Berne pour la protection de la propriété artistique et littéraire; les Etats-Unis eux-mêmes, où la contrefaçon était une véritable institution, sont reve nus à d'autres sentiments et ont voté une loi, appliquée depuis l'année dernière, qui, sans mettre les écrivains et les artistes étrangers sur le même pied que les natio naux, reconnaît et sanctionne le principe de la propriété des œuvres de l'esprit. Si ces pays ont renoncé à l'exploitation des auteurs étrangers, ce n'est point par senti mentalité, ni même par honnêteté, c'est par intérêt. Ils ont fini par se rendre compte que la liberté de la contrefaçon étouffait en germe la production nationale, que leurs propres auteurs se trouvaient dans l'impossibilité de soutenir la concurrence contre les étrangers, dont les œuvres, édi tées à des prix infimes grâce à l'exemption de droits, inondaient le marché, et c'est chez eux qu'est né le mouvement d'opi nion qui a abouti à l'abrogation des lois restrictives. Ils ont compris qu'à persister dans leurs anciens errements ils risquaient de n'avoir jamais ni littérature, ni art na tional ; un grand nombre de leurs éditeurs mêmes se sont ralliés au système de la protection, afin de n'avoir plus à lutter les uns contre les autres à coups d'éditions à bon marché. Quant au public, s'il paye un peu plus cher, il a du moins* la garantie de l'exactitude de la reproduction qu'il achète. Aussi est-il faux de prétendre, comme le font certains journaux de Rio, que le Brésil a joué un rôle de dupe en s'engageant à faire respecter sur son terri toire les droits des auteurs français, sans réclamer d'avantages compensateurs d'une autre nature, tels que l'abrogation d'une circulaire de 1875 contre l'émigration au Brésil ou la réduction des droits d'entrée sur les cafés brésiliens. C'est un bon procédé de sa part, ce n'est pas une...
À propos
Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.
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