Extrait du journal
L'Assemblée Nationale doit commencer aujourd'hui la discussion de la proposition de M. Claude (de la Meurthe) touchant l'in demnité à accorder aux départemens, au nombre de trente-trois, qui ont souffert de l'invasion. On évalue à 5 ou 600 millions la somme nécessaire. Mais le principe lui même de l'indemnité doit-il être admis? Telle est la question à débattre. Il n'y a pas de loi précise sur la ma tière et nous n'avons pas consulté Vat tel pour savoir ce qu'il dit de la ques tion. Nous ne sommes pas d'ailleurs bien sûrs que Vattel fournisse la solution la meilleure. Le droit des gens se trans forme comme toute chose avec le temps, le changement des mœurs, le progrès dès idées ; et, à part certains principes immuables, les plus grands juristes, histo riens autant que moralistes, écrivent sous le nom de droit de 3 gens une grammaire assez mobile. Mais au cas présent il nous semble qu'il n'est pas besoin de chercher des autorités, et qu'il suffit d'une conscience saine et de la droite raison pour résoudre ce facile problème. Nous croyons même que n'étaient nos finances si obérées et la somme si considérable qui leur est deman dée, la question eût été résolue par tout le monde en même temps que posée. Le pays, nous l'avons dit plus d'une fois, ne voulait pas la guerre. Mais qu'importe? C'est le pays, le pays tout entier qui l'a entreprise, cette guerre fatale, qui s'y est engagé par le vote complaisant de ses représentans. Les conséquences 'doivent peser aussi, cela est d'évidence, sur le pays tout entier. Et quels que soient les hasards qui aient porté ici ou là la dévastation, la ruine, toutes les parties de la France sont atteintes solidairement. Pourrait-on ad mettre que tout le poids d'infortune pesât sur une partie de la France et que le reste fût indemne? Où serait donc alors cette com munauté de biens et de maux qui constitue l'unité nationale ? Où serait la patrie ? Eh quoi ! le Midi, par exemple, qui n'a pas connu les douleurs de l'invasion, ne con tribuerait pas même à réparer les domma ges, à panser les blessures du Nord ra vagé, rançonné, incendié ? Cela peut-il se soutenir sans la plus claire injustice ? S'il en était ainsi, le Midi ressentirait sans doute comme le reste de la France la honte de l'invasion, mais, affranchi de ses maux...
À propos
Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.
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