Extrait du journal
Le pays applaudira au ferme langage de M. Thiers devant la commission des Trente. M. Thiers est allé jusqu'à l'extrême limite des concessions possibles, mais il n'est pas allé et il ne pouvait pas aller au delà. Son devoir et sa dignité personnelle le lui dé fendaient également. Il ne lui est pas per mis, selon sa propre expression,* de devenir un « mannequin » entre les mains de la majorité. M. Thiers jouant le rôle d'un roi fainéant, avec un membre de la droite pour maire- du palais, cela ne se comprend guère. Il n'est pas, comme il l'a dit lui même, avec sa fine ironie, d'assez bonne maison pour cela. Les quatre bœufs dont parle Boileau, qui D'un pas tranquille et lent Promenaient dans Paris le monarque indolent, ne sont pas eneore attelés, Dieu merci ! Si la commission ne veut pas se résigner à laisser l'illustre Président de la république exercer l'influence légitime qui lui appar tient, c'est devant l'Assemblée que sera portée la question, et c'est au grand jour qu'elle sera vidée. v « Croyez -le bien, Messieurs, a dit M. Thiers aux commissaires dans un mou vement de fierté trop naturel, ce n'est pas du pouvoir que vous m'avez laissé que le pays vous demandera compte. » C'est, au rait-il pu ajouter, du pouvoir que vous ne m'aurez pas laissé. Et, en vérité, comment exprimer le sentiment que nous éprouvons en voyant un tel homme obligé de venir lutter pied à pied au sein de la commission pour conserver un pouvoir dont il a fait un si heureux et si patriotique usage? La France pacifiée, l'armée reconstituée, l'or dre rétabli dans l'administration, le paie ment de l'indemnité fie guerre assuré, -le territoire à la veille d'être complètement débarrassé de l'occupation étrangère, tout cela n'est rien sans doute, ou c'est si peu que ce n'est pas la peine d'en tenir compte. Il est évident que le premier venu parmi les membres du gouvernement de com bat en aurait fait autant s'il n'eût pas fait mieux. Et l'homme illustre qui a obtenu en si peu de temps de si grands ré sultats en est réduit à comparaître presque comme un accusé devant une commission parlementaire. Tels sont les témoignages de gratitude dont on le comble. Il est vrai que, s'il faut en croire M. de Larcy, la majorité n'a que des sentimens de dé férence et d'admiration pour M. Thiers. Elle ne veut pas l'annihiler, oh non ! elle n'a d'autre but que de « diminuer les cas de conflit. » Yoilà tout, et comment ne pas admirer cet heureux euphémisme ? Tue-la ! dit M. Dumas au mari qui veut diminuer les cas de conflit avec sa femme..On n'a pas de ces brutalités de langage dans la com mission. On ne dit pas : Tuons-le I on dit seulement en termes choisis et académi ques : Coupons-lui la langue pour qu'il n'y ait plus de conflit possible. Eh! mon Dieu, si vous ne voulez pas de conflits, il y a un moyen bien simple, c'est de ne pas vous mêmes en provoquer. La session du Storthing norwégien a été ouverte hier par le roi en personne. Une dépêche de Christiania nous fait connaître les points principaux du discours du Trône prononcé à cette occasion. Dans le nombre des projets de loi annoncés par le roi, nous en remarquons un qui se rapporte à une convention monétaire ; un second relatif à la construction de nouveaux travaux de fortifications, et un troisième enfin concernant la réorganisation de l'enseignement primaire. Ainsi dans toute l'Europe cette grande question de l'ensei gnement primaire est une de celles qui préoccupent le plus les gouvernemens. C'est eu France seulement qu'elle est considérée comme fie peu d'importance, et, en parlant de la sorte, ce n'est pas au gouvernement que nous faisons le procès. Il y a un projet de loi présenté depuis long temps par le ministre de l'instruction publi que ; mais l'Assemblée a d'autres soucis. Ce qui, à ses yeux, importe le plus au pays, ce n'est pas que l'enseignement soit réorga nisé, c'est que M. Thiers reste confiné et muet dans l'hôtel de la préfecture de Ver sailles. > i» Un député au Parlement allemand, M. Herz, vient de prononcer à Furth, en Bavière, un discours dont un passage mé rite l'attention. « Les Etats allemands, moyens et petits, a dit M- Herz, et avant tout la Bavière, qui est le plus grand de ces Etats, devraient ê!re un rempart contre les tendances réactionnaires ; ils devraient met tre de leur côté l'opinion publique en dé ployant le drapeau de la liberté ; ils de vraient justifier leur existence particulière en adoptant un système d'administration vraiment libéral et capable de servir de modèle ; de cette façon ils empêcheraient non seulement la création de l'Etat unitaire,. mais se verraient aussi applaudis par tout le peuple prussien et pai\ tout le Nord. Mais le gouvernement bavarois est loin de vouloir agir de cette façon..* | On voit par celte citation que les idées li- j bérales et aulonomiques ne sont pas en- j core complètement étouffées en Allemagne, \ et que l'absorption complète des petits j Etats par l'empire rencontrera plus d'une ; difficulté. '...
À propos
Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.
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