Extrait du journal

gouvernement est un ulcère, et que tout ce qu'on enlève aux fonctionnaires est autant de pris sur l'ennemi. De puis quarante ans le luxe va toujours croissant, les be soins artificiels qu'il a crées sont de plus en plus im périeux. La Restauration et la révolution de Juillet ont successivement pratiqué sur les fonctionnaires de dures économies, et pendant ce temps les bénéfices des pro fessions libres augmentaient sans cesse. La carrière des emplois publics est devenue la plus ingrate de toutes. Bientôt les fonctions les plus éminentes ne seront plus accessibles qu'à la richesse, au mépris de la lettre et de l'esprit de nos institutions fondamentales; ou plutôt elles tomberont en pâture à d'insignes médiocrités qui n'auront pu trouver à vivre ailleurs. En pareilles mains la centralisation, qui est la condition première de la force de la France, sera une honte et un fléau. De ce point de vue l'examen de la situation de tous les fonc tionnaires, en général, mérite le plus sérieux examen. Les Chambres, forcément saisies, à l'occasion du bud get , de la question en ce qui concerne les employés des administrations centrales, sentiront-elles la gravité de la détermination qu'elles ont à prendre ? Et les ministres comprendront-ils qu'il s'agit non pas seulement d'amé liorer le sort de leurs collaborateurs immédiats, mais de relever le principe d'autorité fâcheusement abaissé, et d'assurer au pays l'une des garanties les plus essen tielles d'un gouvernement éclairé, honnête et libéral? Nous le souhaitons beaucoup plus que nous n'y croyons pour la session présente. Mais du moins nous comptons qu'il ne sera pris aucun parti, afin que le provisoire actuel, quels qu'en soient les inconvéniens , ne soit pas changé en un définitif sans appel et sans espoir....