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Journal des débats politiques et littéraires, 6 juillet 1844

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Journal des débats politiques et littéraires
6 juillet 1844


Extrait du journal

PARIS, S JUILLET. Non, nous n'essaierons pas de convertir la Gazette de France et son parti sur la question des dotations. Nous n'essaierons pas de prouver à la Gazette de France Îue douze millions de liste civile ne font pas la moitié es vingt-cinq millions dont jouissaient Louis XVIII et Charles X. Nous ne sommes pas assez ridicules pour croire que la Gazette de France ne demande pas mieux que d'être éclairée. Nous ne voulons pas non plus lui renvoyer ses injures; nous nous contentons de les mépriser. Entre nous et la Gazette de France, il y a tout autre chose qu'une question de dotation. Douze millions, c'est trop pour une dynastie constitutionnelle ; vingt-cinq millions, trente millions, ce serait à peine assez pour la dynastie des ordonnances de Juillet. Les princes de la maison d'Orléans n'ont droit à rien, parce que la révolution les a adoptés ; les princes de la bran che contre-révolutionnaire n'auraient qu'à prendre ; la Gazette de France ne compterait pas avec eux. La Ga zette est sur la question des dotations ce qu'elle est sur toutes les autres. Ses idées d'économie républicaine lui sont venues tout juste avec la révolution de Juillet et s'en iraient avec cette révolution. Nous voyez-vous em ployer le raisonnement pour démontrer à un parti qui se tait honneur d'être le parti monarchique par excel lence que les dotations princières sont de l'essence de la monarchie? On rirait bien de notre candeur! Voilà donc qui est' convenu. Nous ne discuterons pas avec la Gazette de France que sa position condamne à n'apSiorter dans les discussions de cette espèce ni bonne oi ni justice, et nous laisserons très tranquillement au public le soin de décider qui d'elle ou de nous se moque du bon sens et de la vérité ! Nous n'entreprendrons pas davantage de convertir les radicaux. La Gazette devine sans doute pourquoi : elle est si bien avec eux! Mais nous sommes justes, nous, et nous trouvons tout naturel que les radicaux soient peu favorables aux dotations des princes ; ils ont même, dans cette occasion, un mérite qui manque à la Gazette, ils sont conséquens ! Il est certain que les princes coûteront toujours trop cher pour ce que les ra dicaux en veulent' faire. Donner douze millions àun roi pour qu'il serve de but aux railleries, à l'injure, aux outrages, c'est une folie. On pourrait se procurer à un prix beaucoup plus modéré le plaisir d'entendre des discours comme celui de M. Lherbette. Tout dépend du point de vue où l'on se place; quand on regarde les princes tout au plus comme un mal nécessaire, on a parfaitement raison de les réduire à la nullité et à l'impuissance. Nous avons, il est vrai, à côté de l'Opposition radicale une Opposition monarchique, oh ! très monarchique. Mais voyez le malheur! cette Opposition monarchique n'a su depuis quatorze ans ex primer son dévouement à la royauté que par des ru desses et des avanies. C'est sa manière de servir le trône ; et M. Lherbette, le plus sincère des hommes, croit certainement s'être amassé par son dernier dis cours un trésor de popularité qu'il est tout prêt à dé penser pour le salut de la monarchie constitutionnelle , viennent les jours de crise. Nous ne plaisantons pas ; nous croyons à la sincérité de l'Opposition. C'est très sérieusement qu'à chaque fois qu'elle attaque le trône , qu'elle humilie et qu'elle vilipende la royauté, elle s'applaudit du bon tour qu'elle donne à ses sentimens monarchiques. Préparer les crises pour être plus en état de les surmonter quand elles arriveront, voilà depuis quatorze ans toute la politique de l'Opposition. Qu'y pouvons-nous ? Parlerons-nous de cette autre Opposition pour la quelle il n'y a au monde qu'une question, la question ministérielle? C'est peut-être celle que nous aurions le moins la chance de convertir. Si la royauté se trouve derrière M. Guizot, tant pis pour la royauté. Les coups tomberont où ils pourront. Les dotations seront mau-...

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

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