Extrait du journal

tère qui peut en abuser et qui se ser vira toujours de la force, qui lui aura été donnée, pour faire prévaloir sa politique. Et, quand il s'agit d'impôts nouveaux dont l'application ne peut être faite que par des procédés administratifs nouveaux comme les lois elles-mêmes, c'est livrer le pays aux ministres que les autoriser à percevoir ces impôts. Une commission des finances qui ne fait pas de politique déserte tous ses devoirs. Elle représente la majorité, elle a donc pour mission d'appliquer la politique de cette majorité en matières financières. Si la commission du budget a été nom mée pour aider les radicaux à réaliser leur programme, elle peut conférer avec le mi nistre des finances et se mettre d'accord avec lui sur les moyens les plus propres à atteindre le but proposé. Mais, si, au con traire, elle a été nommée pour empêcher que le programme radical fût appliqué, son devoir est tout tracé. Il faut qu'elle fasse obstacle au ministère. Or, le meilleur moyen de faire échec au programme radical, c'est d'empêcher que la réforme des impôts soit introduite dans le budget, c'est de réduire la discussion du budget de cette année à une pure forma lité, de n'accorder aux ministres que les crédits strictement nécessaires à la marche des affaires, de ne leur laisser aucune lati tude : ils en abuseraient certainement. Il faut forcer le Cabinet à vivre au jour le jour. Il ne faut pas lui accorder la faculté d'emprunt; il faut réduire considérable ment la faculté d'émission de bons du Tré sor et tenir les ministres par la bourse jus qu'à ce qu'ils aient déposé sur le bu reau des Chambres leur nouveau sys tème d'impôts. Ce jour-là, on discutera avec eux leurs principes, et il n'est pas dif ficile de se préparer à une pareille discus sion. Nous connaissons leurs sophismes, et leur formule pourrait bien se traduire par ces mots : que le budget doit enrichir tout le monde aux frais de tout le monde. Le devoir de la commission du budget est donc de mettre le Cabinet au pied du mur, en faisant de la politique, de la bonne politique, et en préparant ainsi l'avènement d'un ministère nouveau qui liquidera enfin l'opportunisme et le radi calisme et apprendra au pays qu'il est en core des hommes en France qui ne se lais sent prendre ni aux paroles creuses ni aux programmes menteurs....