Extrait du journal

j, ' V ' " V ' **%■■ i ■' hommes demandent des places, une influence person nelle. Les partis demandent une influence collective, c'est-à-dire une politique sérieuse et des principes. Le ministère a donc beaucoup à compter avec le parti con servateur. Le centre gauche, dont la majorité ministérielle est sortie, n'a accueilli le nouveau cabinet qu'avec la plus superbe méfiance. Envers le 12 mai il est aussi violent, aussi injurieux qu'il l'a jamais été envers le ministère du 15 avril. Le centre gauche n'est pourtant pas entiè rement novice dans la pratique des affaires ; il sait jus qu'à un certain point comment on gouverne, -et quels ménagemens doit garder un parti envers ses chefs lors qu'il les a portés au pouvoir. Il ne s'agit pas ici des visionnaires de la gauche et de l'extrême gauche, qui ont le grand avantage de n'avoir jamais gouverné , qui seuls ont. le privilège de se présenter sur les hustings de l'opinion publique avec le drapeau de leur vertu, de leur indépendance, et qui jus qu'à un certain point peuvent, sans donner trop à rire, promettre à leurs bénévoles auditeurs une foule de choses impossibles et ridicules. Leur excuse est dans leur ignorance. Mais si le centre gauche s'est montré, dés le pre mier jour, en opposition flagrante avec le ministère, le centre gauche est un ennemi irréconciliable : au cun sacrifice ne l'apaisera ; il attaquera les ministres pris dans son sein par les mêmes injures dont il a pour suivi les ministres déchus ; il les attaquera dans leur politique Kdans leura personnes, dans leur honneur, et leur contestera le moindre talent. Il recommencerait demain une coalition , si une coalition était possible. Le ministère n'obtiendra de ce côté que des adhésions isolées. Qu'il les cherche, on ne lui en fait point un crime ; mais on a le droit de lui demander qu'il ne les obtienne pas au prix de ses plus grandes et de ses plus solides alliances. I Les conservateurs ont éprouvé un moment d'hésita tion, dès qu'ils ont cru voir que le ministère hésitait lui même. Mais à Dieu ne plaise qu'ils soient disposés à rentrer dans une crise ministérielle. Ils ont promis leur appui aux ministres actuels ; ils ont fait mieux, ils le lui ont offert long-temps avant la constitution du cabi net. Ils tiendront loyalement leurs promesses ; s'ils s'in quiètent de quelques fautes , de quelques maladresses qui ne sont point irréparables, c'est qu'ils ont un désir sincère de voir se consolider la nouvelle administra tion. ' Les .conservateurs ont su gré aux ministres du 12 mai du courage qu'ils ont montré à prendre le pouvoir, en présence de l'émeute. Mais quand On gouverné; -il ne suffit pas d'avoir du courage un jour, il faut en avoir tous les jours. Il faut avoir surtout la force de résister aux exigences et aux clameurs d'une Opposition systé matique. • , . • ' -...