Extrait du journal

On commence à s'apercevoir, dans les journaux demeurés neutres jusqu'ici à l'égard de cette question, que les droits de douane jouent un certain rôle dans le coût de la vie. Ces droits ont été élevés depuis la guerre, depuis la diminution de valeur de notre unité monétaire, pour les mettre au ni veau des prix qui, naturellement, se sont éle vés en raison de cette réduction du franc. Mais on n'est pas demeuré dans la mesure. On a, eu général, surélevé ces droits. Nous avons qualifié déjà, depuis longtemps, les droits de douane excessifs, de droits outran ciers. On a été, en effet, trop ■ loin dans cette voie. Les produits d'alimenta tion sont des produits agricoles. Or, l'en semble de l'opinion des membres du Parle ment est qu'il faut protéger quand même l'agriculture française contre la concurrence étrangère. Il en résulte qu'ils ont voté, sans discuter, des élévations de droits qui, on ne saurait en douter un seul instant, ont fait hausser ou maintenir les prix de ces pro duits. On s'étonne, par exemple, que la viande de porc importée chez nous de l'étranger paie un droit d'entrée par cent kilogrammes de 175 francs. Ce droit n'était que de 25 francs avant la guerre. C'est donc le coefficient 7 que l'on a appliqué. Comme la production na tionale ne suffit pas à la consommation, il faut recourir à l'importation de viande de porc. Le droit joue donc à plein. Et, cepen dant, l'élevage et l'engraissement des porcs pourraient, en France, s'ils étaient faits sui vant de bonnes méthodes, produire même plus, probablement, que notre consommation. Le droit de douane ne favorise cette produc tion que dans les limites où elle permet aux producteurs nationaux de s'abriter derrière des droits trop élevés. Ce n'est pas non plus d'aujourd'hui que nous avons signalé l'ur gente nécessité de réduire les prix de re vient, dont trop de producteurs ont perdu la notion au cours de la guerre. Maintenant, on recommande la « rationalisation » comme une méthode nouvelle. Seul l'emploi de ce mot dans le sens qu'on lui donne est nou veau. Mais qu'on l'appelle comme on voudra, la réduction des prix de revient s'impose. On s'en aperçoit d'ailleurs aux restrictions qui se manifestent pour les achats. Les con sommateurs ne demandent plus les produits dont ils peuvent faire l'économie. Mais, en ce qui regarde les produits d'alimentation, il est malheureusement difficile d'en réduire la consommation surtout lorsqu'il s'agit de produits d'alimentation courante et qui ne peuvent point passer pour des produits de luxe....