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Journal des débats politiques et littéraires, 6 juin 1830

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Journal des débats politiques et littéraires
6 juin 1830


Extrait du journal

» dit-il , lorsque l'homme le plus obscur île France peut écrire » et publier ce qu'il veut, le Roi ne le ferait pas? Lorsque cent « journaux agitent les esprits, il ne seraiLpas permis à la rovatué » de dire la vérité* au peuple? etc., etc. » Belle manière de raisonner! C'est précisément parce que tout le monde, en France , a le droit de faire imprimer son opinion , que le ldoi ne peut pas , ne veut pas exercer lui-même et de sa per sonne un pareil droit, En effet, ou cette opinion, directement émanée du Pioi, serait iitipérative ;et il n'y aurait plus de liberté, plus de gouvernement représentatif : ou elle serait discutée , con tredite , impuissante - et la dignité royale en souffrirait. Les prérogatives du Roi sont grandes et tutélaires; mais, par cela même , il ne lui appartient pas de descendre dans l'arène des discussions, et d'exposer ses paroles. Le Roi n'agit que par des ministres responsables : il n'y a pas d'acte royal là où il n'y a pas le sceau d'un serviteur du Roi. C'était le principe même de l'an cienne monarchie. Jamais édit , ordonnance, allocution d'un Roi de France à ses peuples ne parut sans porter au bas la signature d'un ministre, qui en garantissait l'exactitude, l'Hospital, ou le le chancelier Poyet, d'Aguesseau , ou le cardinal Dubois, n'im porte. Autrement, où n'irait-on pas? Quels coups d'Etat anonymes ne pourraient passe faire? Quelles intrigues de palais ne pourraient pas se tramer, au nom du souverain , contre le souverain, par des insensés ou des traîtres, invisibles sous son manteau royal ? Ils entendent bien peu la royauté , les malheureux sophistes qui osent lui proposer de pareils moyens ! Combien le scandale est plus grand ,si nous vivons l'an 16e de la Charte, dans un gouvernement représentatif, avec une Chambre héréditaire et une Chambre élective , dans un pays où , comme en Angleterre, le Roi ne peut faire mal ! Là le principe de l'irres ponsabilité royale est tellement fort que les paroles mêmes qui, dans une occasion solennelle, sortent de la bouche du Roi, sont considérées comme l'œuvre des ministres et soumises à un débat parlementaire. Et lorsque je puis légalement vous attribuer le dis cours que j'ai entendu pronoacer par le Roi assis sur son trône, vous voulez n'être de rien dans une proclamation , que l'on aura publiée à l'imprimerie royale , et que vous n'aurez pas osé signer. Non , Messieurs les ministres, cela serait commode; mais cela n'est pas possible. Cet acte qu'aucan de vous n'aura osé souscrire, vous l'assumez tous. La France est un pays de gens d'esprit et de cœur ; elle ne sera pas dupe d'un artifice si grossier ; elle saura bien que c'est vous qui parlez, mais que vous vous cachez , et que vous ne voulez pas qu'on vous voie. Pleine d'un religieux respect pour le Roi lui même , mais défiante et irritée contre vous , elle jugera librement ce papier imprimé que vous lui aurez envoyé par la poste. Elle reconnaîtra, dans sa forme insolite , le calcul de votre e'goïsme et de votre peur ; elle y verra à plein toutes vos misères ministérielles. Elle reconnaîtra votre écriture, quoique non signée ; elle dira : « Ceci est de M. de Polignac; voilà bien ses grands airs de pro-...

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

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Données de classification
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