Extrait du journal
la monarchie? Les gens mêmes qui faisaient métier, depuis deux ans, d'insulter la Chambre, de ia calomnier ; les gens qui, dans chacun de ses actes , voulaient voir un attentat à la royauté ; les gens qui regrettaient hautement la censure abolie par la Chambre, les .fraudes électorales prévenues par la Chambre, l'influence illé gale du jésuitisme réprimée par l'influence de la Chambre. En core une fois, nous aurions honte de prouvei < e que la nomination de M. Peyronnet vient encore de rendre plus clair que le jour. Les vues de M! Peyronnet n'auraient jamais pu concourir avec les vues de la Chambre de 1827 ! A l'ouverture de la Chambre il" y avait donc hostilité nécessaire entre elle et le ministère , mais hostilité venant du fait de qui ? ' Non pas du fait de la Chambre qui était rcste'e ce qu'elle était, pleine de vénération et d'amour pour le Roi, décidée à poursuivre paisiblement l'œuvre de réparation qu'elle avait commencée , sans impatience , sans précipitation , en garde jusqu'à l'eXcès peut-être contre l'entraînement de soit patriotisme! Du fait, du ministère, du fait de ces envahisseurs de pouvoir qui n'avaient osé lever la tête que dans l'intervalle d'une session , après s'être assurés clan destinement d'un budget qu'ils n'auraient pas eu le courage de ve nir demander eux-mêmes à la tribune! Qui est venu planter un çlrapeau ennemi en face de la majorité? Qui a pris pour devise : plus de concessions ! C est à dire plus de lois réparatrices , plus de garanties, plus d'améliorations? Qui s'est arrogé l'orgueilleuse mission de paralyser la Chambre, de briser la majorité , d'arrêter le développement naturel de nos libertés? En un mot quelle rai son le ministère lui-même a-t-il rendue de son existence? Une seule : la nécessité de mettre un frein aux envahissemens prétendus d'une Chambre démocratique. Voilà sous quels auspices sinistres le mi nistère présenté à la Chambre. Dans ceLte position , que de vait faire la Chambre? Qu'a-t-elle fait ? Ici encore interrogeons le bon sens. La Chambre devait-elle plier la tête, se réconcilier, aux pieds de M. de Polignau , avec la censure , le droit dialnesse et le jé suitisme, abjurer ses propres doctrines, voter une loi d'élection qui changeât à jamais la majorité, ou, tout au moins, par un humble silence , par une résignation passive, fournir au ministère le temps et les moyens de faire plus tard ce qu'il n'aurait pas pu faire alors? Non, évidemment non. La Chambre devait-elle au con traire , par une Adresse équivoque, leurrer le ministère d'un faux espoir, tromper le Roi sur ses véritables senlimens, dresser une embuscade au budget, et le rejeter traîtreusement après une ses sion assez longue pour que la royauté n'eût pas le temps de con voquer une Chambre nouvelle et d'exercer son droit de dissolu tion? Légalement parlant, la Chambre pouvait le faire. Toutes les théories du inonde n'empêchent pas qu'une houle noire ne soit une boule noire, et les 221 voix qui ont volé l'Adresse auraient tout aussi facilement rejeté le budget. Mais cette conduite eût-elle été noble, loyale , respectueuse pour le trône ? Le gouvernement représentatif est-il un gouvernement d'intrigues , où c'est habileté que de savoir tremper ? Encore une fois, que devait donc faire la Chambre? Exposer tout d'abord sous les yeux du Roi, que de faux calculs avaient trompé l'état numérique elles sentimens véritables delà majorité lui révéler sa défiance générale et les causes de cette défiance ; le prévenir des difficultés insurmontables que trouverait un ministère présomptueux et hostile, remettant à la sagesse du Prince le choix des moyens qu'il jugerait propres à rétablir l'harmonie, le renvoi du ministère ou la dissolution de la Chambre ! Ainsi la vérité était connue ; ainsi la royauté restait juge de ce grand débat ; ainsi la Chambre respectait à la fois ce qu'elle se devait à elle-même , ce qu'elle devait à la vérité , ce qu'elle devait au Prince. Voilà ce que ia Chambre devait faire et voilà ce qu'elle a fait ! En quels termes? C'est ici que commence un système de ca lomnies quotidiennement ressassées. 011 voudrait faire croire au Roi qui a entendu l'Adresse , àla Eranee qui l'a lue, que la Chambre a refusé de remplir ses fonctions tant que le ministère serait là, de recevoir les projets de loi du ministère, de les dis cuter, de les voter; qu'elle a refusé, en un mot, de reconnaître le ministère , et, à ce titre, de l'entendre et de travailler avec lui! C'est pousser un peu loin le courage du mensonge. La Chambre n'a déclaré qu'une chose , une seule chose : Qu'entre les vœux du ministère et les vœux du peuple quelle représentait. le concours , l'harmonie n'existait pas ! Qu'on relise cent et cent fois l'Adresse , on n'y trouvera rien déplus! Si la Chambre eût refusé de remplir ses fonctions en présence d'un ministère, quel qu'il fût, la Chambre eût, de sa propre autorité, suspendu le gouvernement et blessé au vif ia prérogative royale! Aussi n'est-ce pas là ce que la Chambre a fait ; 011 ne saurait trop le répéter ! La Chambre n'a fait qu'exposer au Roi avec modestie i'état de l'opinion publique et le qui existait entre les vœux de la majorité et les vœux du ministère , i précisément afin que le Roi avisât dans sa sagesse aux ffioyens de...
À propos
Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.
En savoir plus Données de classification - wyon
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