Extrait du journal
tement contre ces interprétations, sûrs que nous sommes d'être avoués 1 par l'honorable magistrat. Au nocs de M. Dupin, nous déclarons, sans hésiter, qu'il méprise trop l'injure pour lui servir d'organe, et qu'il a trop souffert lui-même de la diffamation pour ne pas l'avoir en horreur. Qui, en effet, a été plus attaqué, et plus injus tement attaqué, nous le savons, que M. Dupin? Qui a été pour suivi avec un plus odieux acharnement jusque dans sa vie privée? ■Lorsque l'outrage est allé chercher M. Dupin jusque dans son ca binet, jusque dans la campagne où il goûtait un repos acheté par le travail, M. Dupin n'a-t-il pas défendu énergiquement dans sa personne l'inviolabilité de la vie.privée? N'a-t-il pas rappelé ses ennemis au respect de la loi? M. Dupin ne s'est-il pas récrié contre cette tyrannie qui, sous prétexté que l'homme public appartient à la critique, s'attache aux pas de l'homme privé, épie ses moindres paroles, commente et dénature actions, prétend deviner ses pensées mêmes, et ne lui laisse de repos nulle part ? Assurément, M. Dupin pouvait abandonner à la malignité de ses ennemis sa vie privée comme sa vie publique; ils n'y auraient rien vu que d'honora ; ble. M. Dupjn ne l'a pas fait, pourtant, et il a eu raison de ne pas le faire. Il a réclamé avec force; il n'a pas souffert qu'en attaquant j sa vie privée, on violât en lui le droit commun, et qu'on foulât aux pieds un des principes les plus salutaires de notre législation. Si , à cette époque, l'Opposition avait dit à M. Dupin : Ah.! vous ne voulez pas qu'on recherche votre vie privée ! vous avez donc intérêt à la cacher ; si elle lui eût dit qu'il est de l'intérêt du pays de connaître les hommes publics jusque dans leur vie privée, que l'histoire a toujours eu le privilège de dépouiller l'homme pour juger le héros, et que la crainte de la publicité est un frein salutaire qu'il est bon de faire sentir à la vie privée comme à la vie publique, M. Dupin n'aurait-il pas été en droit de répondre : « Non, je ne caché pas ma vie privée, mais » vous n'avez pas le droit de l'exposer avec vos commentaires, vos » injures et vos calomnies aux regards du public! Je ne cache pas » ma vie, mais je ne veux pas avoir à la défendre tous les jours, » ou laisser croire, quand de fatigue ou de dégoût je me tairai, » que je me tais parce que je me sens coupable. Trouvez-moi » des hommes sans passion, sans esprit de parti, des juges » intègres et calmes, et je leur ouvre toutes mes portes; qu'ils » lisent jusque dans mon cœur ; je n'aurai rien de caché pour » eux ! Etes-vous ces juges impartiaux et de sang-froid ? Vos pas » sions ardentes, vos haines implacables ne vous suivront-elles » pas dans l'examen que vous ferez de ma vie privée ? La vie pu » blique se défend par sa publicité même. Quand vous attaquez » les actes du pouvoir, ces actes sont exposés à tous les yeux ; » tout le monde les connaît; Ma vie privée, on ne la connaîtra que » par vous. Entre ma vie privée et le public, il n'y aura d'interD médiaires que vous, vous avec vos injustices 1 Si la crainte de la » publicité, même en matière privée, est un frein si salutaire , » pourquoi vous bornez-vous à demander le droit de scruter la » vie des fonctionnaires publics? Demandez un droit de censure » universelle; rétablissez partout l'empire de la morale; faites » renaître l'âge d'or ! 'La loi, plus sage, vous a interdit » l'examen de la vie privée ; elle a fait la part de l'homme B comme elle a fait celle du citoyen. Ce n'est pas le dé » sordre qu'elle a voulu protéger , c'est le repos et l'hon » neur des familles, c'est la liberté domestique. L'histoire ra » conte le passé. Vous, c'est le présent que vous voulez troubler. » Quand l'histoire élève la voix, les passions sont éteintes. Si l'his » torâen est partial, le public au moins ne l'est plus. Quel rap » port y a-t-il entre votre polémique de tous les jours et l'histoire? » Vous réclamez les privilèges de l'historien ; en avez-vous la gra » vité ? Souffrez que je sois libre chez moi comme vous, censeurs, » vous êtes libres chez vous ! » Quand l'Opposition prête ses intentions à M. Dupin, on nous pardonnera de prêter â l'honorable magistrat des paroles qui du...
À propos
Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.
En savoir plus Données de classification - dupin
- ancelot
- arthur
- coletti
- dawkins
- charles x
- scribe
- bayard
- maréchal de france
- napoléon
- arthur
- france
- paris
- grèce
- lisbonne
- hongrie
- angleterre
- pike
- autriche
- espagne
- s. a.
- cour de cassation
- jeunes femmes