Extrait du journal

de n'avoir pas cédé à la tentation de la plupart des littérateurs, qui, ne pouvant se tenir d'écrire eux aussi sur l'art, comme tout le monde ! commencent immanquablement par médire des critiques et de la critique d'art. Pourquoi donc viennent-ils ajouter tant de pages à cette inutile littérature? Je ne ferai pas la critique de la critique do M. Paul Adam. On connaît sa manière, puissante, abondante et drue. Il m'a semblé que ses vues sur l'histoire de l'art fran çais étaient quelquefois un peu confuses ; no minalistes et réalistes, « à l'ombre de SaintEtienne du Mont», François Villon et les cathé drales « cause des esthétiques inventées afin de parfaire la magnificence de ses édifices » y sont évoqués en de généreuses synthèses oratoires; parfois un peu déconcertantes et imprévues. Mais le beau mouvement de l'éloquence em porte tout dans son tourbillon. M. Arsène Alexandre s'est fait l'historien de RafJ'aelli.: (11. Floury, éditeur.) Il tient que « toute vie d'artiste doit être écrite comme an roman ». Faute de quoi « elle n'est qu'un travail de lexicographe, de professeur ou, pis encore, de critique d'art ». Attrape ! « pouvant intéresser quelques spécialistes, mais n'ayant aucune prise sur le fraternel et vibrant inconnu pour qui nous écrivons ». Mon cher Arsène Alexandre, vous êtes plein do talent et d'es prit, et je vous aime beaucoup. Mais, tout de même, méfions-nous du « vibrant inconnu », il n'est pas toujours fraternel; à l'occasion il sait être ironique et, parfois aussi, il est pris d'un besoin d'exactitude et de documentation que le plus beau roman risquerait de ne pas satisfaire. Ah! si l'on pouvait s'en tirer toujours avec du génie, comme l'histoire de l'art serait facile à quelques-uns de nos contemporains ! Mais pour les maîtres du passé, il faut, avec la sympathie qui les ressuscite, l'information patiente que les spécialistes de l'érudition contemporaine ont commencé de réunir et que l'on ne méprise pas impunément ! Le Ratfaëlli d'A. Alexandre taillé vivant en pleine actualité sera pour les historiens de l'avenir un document précieux à consulter. ANDRÉ MICHEL....