Extrait du journal

Je ne sais pourquoi, dit M. Polyphème Durand, ou plutôt je ne le sais que trop bien, je pensais à Saragosse au moment où vous êtes entré. J'y ai passé de beaux jours dans une chaleur magnifique et lumineuse, je revois, après tant d'heures à la cathédrale, tous ces cireurs, ces limpiabotas aux terrasses des cafés où dans la nuit nous buvions de l'orgeat glacé et je viens de les retrouver dans une étonnante comptine de M. Hugues Fourns : « Le sereno et la duègne Sont partis à cloche pied. Des poils leur sortent des oreilles, Des oreilles et du nez, Comme des pattes, pattes, pattes, Comme des pattes d'araignées. Limpiabotas. Limpiabotas! —'Pan! la brosse et pan ! le pied. » C'est à deux pas, dans l'une de ces maisons pleines d'ombre, chez Ruy Gomez de Silva. « 11 n'a pas reparu, dit-on, à Saragosse ? Vouliez-vous pas qu'il mît son cercueil de la noce ? » que monte le fameux escalier dérobé : sur sa dernière marche apparaît don Carlos à l'instant que la duègne attendait Hernani. Le vieux pont, qui joint Altabas à la ville, déchire l'Ebre de ses éperons puissants. Qu'une rêverie incertaine nous promène sous ce beau ciel... « ... Tout en cheminant dans la plaine Vers Pampelune et Teruel... Toujours...